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LES LICHENS

LES LICHENS

Dr Dominique COQUERET 30 Juillet 2021

Les lichens sont des organismes vivants très particuliers.
Ils résultent de l’association symbiotique entre un champignon (le plus souvent, un Ascomycète) et une algue qui est un végétal unicellulaire ; et parfois aussi associés à une levure Basidiomycète et à des Cyanobactéries. Ils sont classés parmi les Fungi.

Dans cette symbiose, le champignon apporte l’eau et les sels minéraux ; tandis que l’algue apporte le carbone à partir du C02 atmosphérique, et l’énergie grâce à sa chlorophylle permettant la photosynthèse. Ainsi, les glucides et acides aminés peuvent-ils être synthétisés.

Lichen géographique (Rhizocarpon) au Ballon d’Alsace, Massif des Vosges
Photo dom.coquer©

Ce sont les organismes parmi les plus anciens apparus sur terre. Ils ont colonisé les rochers, y compris ceux en altitude, sur la lave récemment refroidie des volcans en éruption, ou même en milieu salin en bord de mer. On les trouve en abondance en haute montagne jusqu’à plus de 5000 m., dans les régions polaires, sur tous les continents, y compris dans les zones désertiques soumises à la sécheresse. Les lichens sont très résistants : aussi bien au froid glacial qu’aux chaleurs extrêmes. Ils se désèchent, puis revivent lorsque les conditions redeviennent plus favorables. Leur présence en haute altitude renseigne sur l’histoire des glaciers.

Lichen géographique (Rhizocarpon) à VAL THORENS, Massif de la Vanoise
Photo dom.coquer©

Sur les rochers et sur les arbres, leurs thalles prennent souvent des formes géographiques étonnantes ! Leur surface est plane ou en relief, prenant la forme d’incrustations, de croûtes, d’écailles, de lanières ou de réseaux chevelus ; d’où, selon leur morphologie, leur classification en :

lichen crustacé

lichen foliacé

lichen fruticuleux

lichen squamuleux

lichen complexe

lichen gélatineux

Lichen crustacé sur des ruffes volcaniques, au Lac du SALAGOU (Hérault)
Photo dom.coquer©

Il en existe plus de 18.000 espèces, classés en « saxicoles » poussant sur les rochers, « corticoles » sur les troncs d’arbre, ou « lignicoles » sur les arbres morts et sur le bois en décomposition. Selon les caractéristiques de chaque champignon et de ses exigences, les lichens peuvent être calcicoles et pousser sur roches calcaires, ou silicicoles et pousser sur roches magmatiques comme le granit, le gneiss, ou sur des filons de quartz. De même, certains lichens sont spécifiques de certains types d’arbres, comme les écorces de conifères, de saules, de bouleaux, ou de genévrier de montagne...

Lichen orangé (Xanthoria elegans) sur le Mont Lozère (Lozère)
Photo dom.coquer©

La structure microscopique la plus typique d’un thalle révèle deux couches périphériques (la supérieure et l’inférieure) corticales constituées par un réseau dense d’hyphes, dont les filaments en profondeur enserrent les algues. Entre ces 2 couches corticales, une zone centrale médullaire est constituée d’hyphes qui sont des filaments mycéliens enchevêtrés.

Lichen crustacé et mousse en Forêt de Fontainebleau (les « 3 Pignons »)
Photo dom.coquer ©

Leur reproduction est tantôt sexuée (libérant des spores), tantôt asexuée (par excroissance des hyphes mycéliens).

Dans les écosystèmes, ils désagrègent les roches par leurs acides lichéniques, participant ainsi à la formation des sols. Ils régulent l’humidité du sol. Organismes pionniers, ils favorisent l’implantation après eux des Mousses, des Fougères puis d’autres végétaux. ils sont la nourriture des chenilles de certains papillons. Dans les pays scandinaves et les régions sibériennes arctiques, ils sont broutés par les rennes dont ils sont la seule nourriture sous la neige en période hivernale.

Certains lichens sont médicinaux comme Cetraria islandica, le Lichen d’Islande, qui possède des propriétés immunostimulantes et antibiotiques ; il est utilisé pour traiter les infections respiratoires hivernales, comme les pharyngites et les bronchites.

Un lichen d’arbre appelé « Mousse d’arbre » (Pseudevernia furfuracea) est également utilisé en parfumerie.

Très sensibles à la pollution, ils sont des bio-indicateurs écologiques : car ils disparaissent dans des zones péri-urbaines ou industrielles très polluées (par ex. par le dioxyde de soufre). A l’inverse, ils sont abondants en zones de montagne où l’air est plus pur.

Lichen « barbu » (Usnée) dans le Val de Baulche à St GEORGES s/ BAULCHE
(Yonne) Photo dom.coquer©

Leur couleurs variées dépendent des minéraux qu’ils absorbent, et surtout des métaux lourds qu’ils concentrent comme le plomb, le mercure, le nickel, le chrome, le cobalt...

Les lichens, comme les champignons, concentrent aussi les radionucléides issus des essais nucléaires et des accidents de centrales nucléaires (comme Tchernobyl et Fukushima).

Sources :

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Lichen

 https://permaforet.blogspot.com/2014/03/les-lichens-une-symbiose-atypique-entre.html

 https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/environnement-lichens-temoins-pollution-atmospherique-1900/page/3/

 Biologie des Lichens http://liboupat2.free.fr/Lichens/biolich.htm

 Olivier DAILLANT « Lichens et accumulation des métaux lourds » Bull. Inform. Ass. Fr. Lichénologie-2003-28(1)

 https://www.olfastory.com/matiere/mousse-de-cheneFr. Lichénologie – 2003 – 28(1

Par Dr Dom COQUERET

Le lundi 2 août 2021

Mis à jour le 2 août 2021