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VALERIANE

VALERIANE

Valeriana officinalis L.

Article révisé en Octobre 2019

Valérianes au bord du bief du moulin,
à MAILLY LE CHÂTEAU (Yonne)

Noms vernaculaires :

Valériane, Herbe aux chats, Herbe de St Georges

BOTANIQUE

Famille des Valérianacées

Grande plante vivace ; de son rhizome partent de nombreuses racines ramifiées ; de sa souche s’élève une tige droite, creuse et cannelée, dépassant le mètre pour atteindre parfois 1m50 à 1m60 ; les feuilles sont opposées, très découpées, les basales pétiolées et pennatiséquées, lancéolées et dentées, les caudales sessiles et plus petites ; les inflorescences sont groupées en corymbes de petites fleurs blanches ou rosées, de 3-5 mm, dont la corolle est à 5 pétales soudés en tube ;
Les fruits sont des akènes.
Les racines ont une odeur très particulière, nauséabonde, « d’urine de chat » qui attire irrésistiblement la gente féline qu’elle excite au point de venir s’y frotter la tête et s’y rouler (faveur partagée avec une autre « herbe à chats », la CATAIRE (Nepeta cataria).
Sa saveur est âcre et amère.

HABITAT 

La Valériane est répandue en Europe tempérée, en Eurasie, et naturalisée en Amérique du Nord. Elle croît sur les talus, au bord des fossés humides, et au bord des rivières, dans les plantations de peupliers. Elle est indicatrice d’engorgement en eau et en matière organique archaïque. On la cultive aussi pour les besoins de l’industrie pharmaceutique.

Belle Valériane dressée au bord d’un fossé,
à LINDRY (Yonne)

USAGE MEDICINAL 

1) Historique et usages traditionnels 

Dans l’antiquité gréco-latine, HIPPOCRATE, DIOSCORIDE, PLINE et GALIEN donnèrent sur la plante des indications variées, peu spécifiques, mentionnée toutefois pour la nervosité, avec spasme de la glotte.

Au Moyen-Âge, elle est censée « tout guérir », considérée comme une plante magique protectrice (magie blanche), rentrant dans la composition de philtres d’amour…

Ce n’est, semble-t-il, qu’à partir du XVI° siècle que furent mis en évidence les propriétés neurologiques de la plante. C’est Fabius COLUMNA, botaniste italien à Naples (1567-1640), qui fut le premier à découvrir le pouvoir anti-épileptique de la Valériane : souffrant de crises comitiales depuis l’enfance, il se serait intéressé à la botanique dans l’espoir de découvrir un remède pour ses nerfs ; il revisita le « De Matéria Médica » de DIOSCORIDE, et expérimenta plusieurs remèdes, mais seule la Valériane le guérit en 1592.

Quelques années plus tard, au début du XVII° s., un médecin de Rome, Dominique PANAROLE, guérit un pêcheur d’une maladie épileptique. Ces observations vont alors se répandre, faisant expérimenter la Valériane dans toutes les affections neurologiques marquées par des « crises », des spasmes, des tremblements, tel que les convulsions, les crises épileptiques, les chorées, la « Danse de St Guy », et diverses manifestations nerveuses appelées « névroses » ou « hystérie ».

Ainsi, Giovanni Antonio SCOPOLI (1723-1788) un médecin botaniste et naturaliste italien, guérit en 1760 un patient atteint d’épilepsie depuis trois années par l’usage de la Valériane.

Samuel Auguste André David TISSOT, dans son « Traité de l’épilepsie » en 1770 accorde à la Valériane la première place parmi les remèdes anti-épileptiques ; il rapporte 12 cas de guérisons obtenues par cette plante.

Pierre Jean Baptiste CHOMEL (1671-1740) botaniste et médecin à la cour du roi LOUIS XIV, atteste dans son « Abrégé de l’histoire des plantes usuelles » daté de 1712, avoir guéri par le même moyen plusieurs épileptiques ; dont un enfant âgé de 12 ans « qui tombait depuis 3 ou 4 ans, 2 ou 3 fois par mois, dans des mouvements convulsifs, et auquel il était resté un tremblement continuel : il y a plus de 4 ans qu’il est guéri sans aucun retour ».

CAZIN, qui relança au XIX°s. la phytothérapie, cite encore des confrères l’ayant précédé, comme GILIBERT qui « guérit trois sujets atteints d’épilepsie en donnant de la racine de valériane en poudre à haute dose et en infusion vineuse » ; ainsi qu’un certain MARCHANT qui « soulagea presque tous les épileptiques auxquels il fit prendre la valériane, et en guérit parfaitement quelques uns ».
Lui-même conclut, sur la base de son expérience clinique :
« La Valériane est antispasmodique, vermifuge, fébrifuge. On l’administre avec avantage dans les névroses en général, dans l’hystérie, la chorée, l’hypochondrie, l’hémicrânie, la catalepsie, l’asthme convulsif, le tremblement des membres, le hoquet opiniâtre, les vomissements nerveux, la gastralgie…les paralysies liées à des névroses, les palpitations nerveuses…l’aphonie nerveuse, les convulsions des enfants et surtout l’épilepsie, contre laquelle elle a été regardée comme spécifique ».

une corymbe blanche de Valériane

2) Composition & Pharmacologie 

Les parties aériennes de la Valériane, peu actives, sont inusitées.
C’est le rhizome et les racines de la plantes qui concentrent le maximum de principes : environ 150 actuellement découverts !
Dans l’Huile essentielle (HE, taux entre 0,2% et 2,8%), et dans les extraits de la racine, ont été isolés (PATEL K, 2017) :
 des éthers du bornéol, volatils : l’isovalérate de bornyle (qui par hydrolyse donne du bornéol et de l’acide isovalérique) ; et de l’acétate de bornyle (30-40% de l’HE) un monoterpène volatil. Or, le Bornéol est un analgésique et anesthésiant qui sensibilise les récepteurs GABA.
 toute une série de sesquiterpènes, parmi lesquels on a trouvé :
des acides dont le principal est l’acide valérénique qui est le principal responsable de l’action sédative, anxiolytique, en se fixant sur les récepteurs du GABA de type A qu’il active (en bloquant une enzyme de dégradation du GABA). Ces récepteurs ont un rôle d’inhibition de l’activité neuronale. Le mode d’action semble proche de certains anesthésiques.
Les autres sesquiterpènes présents sont cétoniques (Valéranone), d’autres alcooliques (alcool kessylique), d’autres encore aldéhydiques (Valérénal)…
Récemment ont été isolés sur la variété Latifolia de Valériane officinale, qui est cultivée en Chine dans le Guizhou, le Sichuan et le Yunnan, des Sesquiterpénoïdes : Volvalérénal A, B, C, D, E, F et G et l’acide Volvalérénique A, B, C, D dont les propriétés potentielles sur le système nerveux sont à l’étude ; certains semblent être des activateurs du NGF le facteur de croissance des nerfs (WANG, 2009) (CHEN, 2013).

 des iridoïdes valépotriates (0,5%-2%) : Valtrate, Isovaltrate, Didrovaltrate, Acevaltrate, qui sont instables, et se dégradent rapidement en donnant de l’acide valérique  : celui-ci se lie aux récepteurs des benzodiazépines, dont la stimulation mène à un effet sédatif, anxiolytique. Il est ensuite dégradé en acide isovalérique qui est responsable de l’odeur forte d’ « urine de chat » caractéristique de la Valériane.

 des alcaloïdes, à l’état de traces, dont la Valérianine, la Chatinine, et l’Actinidine qui est la molécule attractive pour les chats.

 de l’acide gamma-amino-butyrique (ou GABA) dont la présence renforce l’action de l’acide valérénique sur les récepteurs GABAergiques.

 des flavonoïdes, dont des dérivé d’Apigénine, de l’Hespéridine, et de la Linarine.

 des lignanes

Les études pharmacologiques menées en laboratoire chez l’animal ont précisé les sites et modes d’action des principales substances de la Valériane.
C’est l’Acide Valérénique qui est la principale substance agoniste et régulatrice des récepteurs au GABA intracérébraux (YUAN, 2004) dont l’activation procure une inhibition de l’activation du système nerveux, donc un effet sédatif, une anxiolyse. Plus précisément, l’action survient sur les récepteurs GABA(A) (KHOM, 2007), tandis que l’acide acétoxyvalérénique se fixe aussi sur les mêmes récepteurs tout en étant inactif (il y exerce donc une action bloquante du site) ; et l’autre dérivé, l’acide hydroxyvalérénique est inactif.
L’action anxiolytique de l’acide valérénique chez la souris a été confirmée, ainsi que l’effet bloquant de l’acide acétoxyvalérénique par une équipe allemande (FELGENTREFF, 2012) et (BECKER, 2014). Ces auteurs concluent que, pour qu’un extrait de Valériane soit efficace dans un but anxiolytique, il doit contenir un maximum d’acide valérénique et un minimum d’acide acétoxyvalérénique (d’où l’intérêt de titrages des extraits avant commercialisation).

En outre, d’autres substances agissent sur le système nerveux : des chercheurs argentins ont investigué les propriétés des dérivés flavonoïdes :
. la 6-methylapigénine se comporte comme un ligand sur les récepteurs GABA aux benzodiazépines, et y exerce une action anxiolytique (MARDER, 2003)
. l’Hespéridine est sédative, et facilite l’endormissement (bien que n’étant pas un ligand sur les récepteurs au GABA). Cependant, elle potentialise le diazepam (une benzodiazépine), et pourrait être utilisée pour réduire la posologie de cette classe médicamenteuse (FERNANDEZ, 2005)
. enfin, la Linarine possède aussi une action sédative facilitant l’endormissement, comme l’Hespéridine (FERNANDEZ, 2004).
L’effet sédatif de ces dérivés flavonoïdes est potentialisé par l’administration concomitante d’acide valérénique.

En résumé, les dernières connaissances en pharmacologie montrent que plusieurs substances nées de la synthèse végétale dans les racines de Valériane ont une synergie neuronale sur le système GABA et les récepteurs aux benzodiazépines, confirmant qu’elle est bien un « Anxiolytique végétal naturel  ».
Par contre, les recherches pharmacologiques n’ont pas trouvé d’action particulière des extraits de Valériane sur la Sérotonine, ni sur la Dopamine, ce qui exclue des propriétés anti-dépressives pour la plante.

L’extrait hydro-alcoolique de rhizome de Valériane possède une action anti-convulsivante (KARIMI, 2003). La Valériane officinale est une herbe traditionnellement utilisée en Iran contre l’épilepsie. Sur un modèle animal d’épilepsie temporale, l’extrait aqueux a confirmé une activité anti-convulsivante ; le mécanisme passerait par les récepteurs à l’Adénosine (REZVANI, 2010). Chez une autre espèce de Valériane, Valeriana pavonii Poepp. & Endl., originaire de Colombie, un composé l’Isovaléramide, s’est montré anti-convulsivant (GIRALDO, 2010) ;
puis d’autres composants, plusieurs Valepotriates, isolés de la même espèce colombienne, se sont avérés posséder aussi des propriétés anti-épileptiques (GIRALDO, 2013).

La Valériane est antispasmodique. Les Valépotriates (Valtrate et Isovaltrate), ainsi que la Valéranone inhibent les contractions intestinales du cobaye ; cette action musculotrope sur les fibres lisses de la musculature intestinale est comparable à celle de la Papavérine (HAZELHOFF, 1982).

Une autre espèce indigène au Pakistan, Valeriana hardwickii Wall., est traditionnellement utilisée par les populations locales comme antispasmodique intestinal et antidiarrhéique. Ces propriétés ont bien été vérifiées expérimentalement chez le lapin ; le mécanisme d’action passe par un blocage des canaux calciques au niveau du jéjunum (BASHIR, 2011).

Cette propriété antispasmodique concerne aussi le système cardio-vasculaire et respiratoire. Une expérimentation chez le cobaye a mis en évidence un effet anti-spasmes coronariens, anti-hypertenseur, et protecteur contre le bronchospasme induit, de deux extraits de Valeriana officinalis (CIRCOSTA, 2007).

En Himalaya pousse aussi Valeriana jatamansi (V. Wallichii) appelée « la Valériane indienne », dont les propriétés (anxiolytiques, antispasmodiques, et sédatives des troubles nerveux allant des céphalées aux palpitations...) sont les mêmes que la celles de la Valériane officinale.

Quant aux études cliniques menées sur l’intérêt de la Valériane sur les troubles du sommeil, les résultats sont assez décevants : à titre d’exemple, l’essai clinique d’administrer 300mg à 600mg de Valériane seule n’a pas fait la preuve d’améliorer le sommeil, ni cliniquement, ni au niveau des tests électro-encéphalographiques EEG (DIAPER, 2004).

Toutefois, dans le cas particulier de troubles du sommeil chez des femmes ménopausées entre 50 et 60 ans, une étude iranienne randomisée, triple-aveugle, versus placebo, a été conduite chez 100 femmes ; celles traitées ont pris 530 mg de Valériane par jour pendant 4 semaines. L’amélioration a été significative, 30% d’entre elles ayant noté une amélioration de la qualité du sommeil (TAAVONI, 2011).

Par ailleurs, deux études cliniques (randomisées, double aveugle, versus placebo) utilisant une combinaison fixe d’extraits secs de Valériane (500 mg) et de Houblon (120mg) ont montré une amélioration significative du sommeil, marquée par un raccourcissement du temps de latence d’endormissement (KOETTER, 2007) ; et une augmentation de l’index du temps de sommeil (au suivi de l’architecture du sommeil par EEG et hypnogrames) (DIMPFEL, 2008). Tout porte à penser que dans cette combinaison thérapeutique intéressante, la Valériane a assuré un rôle « tranquillisant » et le Houblon son rôle « hypnogène ».

L’action antispasmodique de la Valériane a été testé cliniquement dans la dysménorrhée (règles douloureuses) : une étude clinique iranienne a porté sur 100 femmes (dont 49 traitées, et 51 placebo) ; celles traitées recevant 255 mg x 3 fois par jour pendant les 3 premiers jours des règles, deux cycles consécutifs, avec une légère amélioration symptomatique (MIRABI, 2011).

Une autre étude clinique a concerné 68 femmes ménopausées souffrant de bouffées vasomotrices ; celles traitées par 255 mg de Valériane x 3 fois par jour pendant 8 jours ont observé une amélioration significative de leurs bouffées (MIRABI, 2013).

Dans le syndrome prémenstruel douloureux, une étude clinique iranienne randomisée, versus placebo, a été conduite sur 100 étudiantes d’université. Celles qui furent traitées ont pris 2 pilules de racine de Valériane pendant les 7 derniers jours de leurs cycles, trois cycles consécutifs. Une réduction sensible des symptômes tant physiques qu’émotionnels ou comportementaux a été notée (BEHBOODI MOGHADAM, 2016).

Citons enfin une rare étude clinique randomisée, triple-aveugle, versus placebo, sur 37 patients âgés de 36 à 65 ans présentant des troubles du sommeil associés à un syndrome des jambes sans repos (SJSR) ; chez lesquels l’administration de 800 mg de Valériane pendant 8 semaines a amené, chez les patients ayant reçu le traitement, une amélioration significative du sommeil et de la sévérité de leur SJSR. Une réduction de la somnolence diurne, chez ceux ayant un score d’Epworth ESS > 10, était remarquée (CUELLAR, 2009).

La Valériane est considérée comme une « Herbe sûre », dénuée d’effets secondaires. Au cours des diverses études cliniques, il n’a pas été constaté d’interactions thérapeutiques adverses, y compris chez des patients cancéreux traités par chimiothérapie (KELBER, 2014).

3) INDICATIONS THERAPEUTIQUES de la VALERIANE

Les meilleures indications retenues pour ce remède sont :
=> tout état d’excitation du système nerveux central : la racine de Valériane s’avère l’une des meilleures plantes neuro-sédatives.

Elle calme les états dits « hystériques » ou « hystéroïdes » et leur cortège de manifestations algiques, nerveuses, fonctionnelles… telles que : douleurs, spasmes (gastriques, coliques, glottiques, oesophagiens, utérins…) ; tremblements ; angoisses serrant la gorge, « plexus solaire noué », sensation d’oppression ou d’étouffement (dyspnée sine materia), céphalées migraineuses induites par les contrariétés…

Elle réduit le niveau de stress ; elle est anxiolytique, particulièrement utile pour tous ceux que la vie moderne « fait vivre sur les nerfs », chez qui la nervosité réactionnelle aux difficultés de l’existence et à l’adversité donne cette impression d’impossibilité de vivre calmement ; et pour tous ceux dont un état d’inquiétude empêche l’endormissement.

Elle est inducteur du sommeil, c’est-à-dire qu’elle favorise l’endormissement, pas immédiatement dès le premier soir (à l’encontre des hypnotiques chimiques benzodiazépiniques), mais de façon progressive, au bout de 7 à 10 jours de prise régulière : l’endormissement est plus paisible, le détachement des préoccupations plus rapide, et surtout le sommeil est ressenti de meilleure qualité.

Qualifiée d’ « hypnotique léger », la Valériane, en fait, est dépourvue d’effet hypnotique vrai ; elle n’agit pas directement pour induire un état morphéique comme le font les opiacés ; mais, en réduisant le niveau de tension anxieuse par le jeu d’une modulation des récepteurs au GABA et des récepteurs aux benzodiazépines, elle crée un apaisement favorable à l’induction du sommeil.

Elle améliorerait aussi la sévérité du Syndrome des jambes sans repos (SJSR) et les troubles du sommeil inhérents à ce syndrome.

=> Elle réduit la nervosité et l’irritabilité particulière au syndrome prémenstruel ; ainsi que la tension nerveuse dans les dysménorrhées.

=> Son effet antispasmodique tant sur le système cardio-vasculaire, respiratoire, intestinal ou pelvien peut être bénéfique chez tous les sujets « hyper-stressés  » qui sont menacés de spasmes coronariens, d’hypertension artérielle, de bronchospasmes, ou de spasmes viscéraux.

=> Bien que certains travaux récents aient confirmé son action anti-épileptique, la recommander dans cette indication serait déraisonnable, pour cette pathologie grave qui requiert un traitement permanent spécifique.

=> atténue les douleurs musculaires, les névralgies avec contractures

=> fébrifuge (en cas de « fièvre adynamique, putride, ou intermittente » d’après CAZIN)

Par ailleurs, la Valériane est dépourvue de toxicité. Seulement à doses importantes, ont été signalés des effets secondaires mineurs : étourdissements, nausées, pesanteur de tête, céphalées.

Valérianes et Reines des prés
partageant un même fossé

RECOLTE

On récolte le rhizome et les racines d’une plante de 2 ou 3 ans, à l’automne, ou au printemps avant l’apparition des feuilles ; couper en tronçons ; au séchage, l’odeur caractéristique de la Valériane apparaît.
Conserver au sec dans des bocaux fermés, à l’abri de la lumière, pendant un an au maximum (ensuite, la racine perd de sa puissance).

EMPLOI en AGRICULTURE BIOLOGIQUE

En agriculture Biodynamique, la pulvérisation d’infusion de feuilles de Valériane sur les arbres fruitiers en fleurs les fortifie contre les gelées tardives. On prépare encore du purin de Valériane, obtenu en laissant macérer 100g de feuilles fraiches (ou 1 kg dans 10 litres d’eau de pluie) pendant 3 à 7 jours ; celui-ci se pulvérise dilué (au 1/5° ou 1/10° ou 1/20°) tous les mois. Le purin de Valériane active la vitalité des plantes à fleurs et particulièrement des rosiers, qu’il protège contre les maladies et parasites, tout en favorisant une belle floraison. On l’emploie aussi pour la vigne (pour un effet anti-stress, pendant le rognage, après la grêle…).

EMPLOI MEDICINAL et POSOLOGIE 

 l’INFUSION de racines broyées est peu active, car seulement une partie des principes actifs est extraite par l’eau, d’autre part la chaleur laisse s’échapper les principes volatils. 5g/tasse x 3-4/j, soit jusqu’à 20g/24H

 L’usage traditionnel a remarqué l’avantage de la MACERATION à froid : laisser macérer 10 g de racines, fraiches de préférence, à défaut de racines séchées, dans un verre d’eau froide (150 ml) pendant 12 Heures ;
ou bien, verser 150-200ml d’eau bouillante sur 10 à 20 g de racines, ne pas faire bouillir, mais recouvrir immédiatement d’un couvercle hermétique afin de ne pas laisser s’évaporer les précieuses essences ; ce mode de préparation sera plus efficace. Boire par fractions dans la journée

 On récupère d’avantage de principes par l’extraction hydro-alcoolique :
TEINTURE MERE : VALERIANA OFFICINALIS TM 25 à 30 gouttes x 2-3 fois/j. (soit 1ml x 3 fois/jour) pour l’anxiété, la nervosité, le stress ;
ou en monoprise 100 à 150 gouttes le soir (soit 4ml à 6ml) une demi-heure avant le coucher, en cas de troubles du sommeil ; dans cette indication, on aura intérêt à faire des cures associées au HOUBLON ; l’amélioration de l’anxiété et des troubles du sommeil peut mettre 3 à 4 semaines à se manifester ; les cures recommandées sont de 4 à 6 semaines, puis des pauses d’une quinzaine de jours sont conseillées pour ne pas développer une accoutumance à la plante.
Pendant ces pauses, l’alternance avec de l’ESCHOLTZIA CALIFORNICA TM à même posologie vespérale de 100 à 150 gouttes permettra de maintenir un meilleur équilibre de sommeil.

 les EXTRAITS SECS de poudre de racines sont une garantie d’efficacité (une des meilleures méthodes modernes d’extraction est le cryobroyage qui conserve le Totum de la plante). Il existe de nombreuses spécialités disponibles en pharmacie, ou en circuits de Phytothérapie : par exemple :
EUPHYTOSE qui associe VALERIANE 50mg, PASSIFLORE 40mg, AUBEPINE 10mg, BALLOTTE 10mg ; posologie souple de 3 à 6cp/j, pouvant être portée à 9 cp/24H (3cp x 3f/j)
SPASMINE qui associe VALERIANE 120mg et AUBEPINE 100mg, 3-4 cp/j.
VALERIANE ARKOgélules 350mg 1-3 gélules/j ou 2 gélules au coucher
VALERIANE FENIOUX 280 mg : 3 à 4 gélules/j réparties, ou 3 gélules au coucher.
Au-delà de 900mg, peut apparaître une somnolence le lendemain matin, voire diurne au cours de la journée suivante ; ajuster la posologie.

Précautions d’emploi :
 En cas de posologies élevées (> 800-900mg), ont été signalées de possibles somnolences. La prise de Valériane avant conduite automobile est donc déconseillée.
 l’association de Valériane peut augmenter la concentration des Benzodiazépines et potentialiser leurs effets (ce qui pourrait permettre de réduire leur posologie) ; cette prise concomitante, si elle est faite intentionnellement, doit être supervisée par un praticien compétent.

Contrindications :
Bien qu’aucun effet délétère n’ait été enregistré, l’absence d’études spécifiques chez la femme enceinte ou allaitante, ainsi que chez l’enfant < 12 ans, ne fait pas autoriser l’administration de Valériane dans ces cas par principe de précaution (European Medicines Agency, 2016)

PHARMACOPEE FRANÇAISE 

Liste A (ansm, Janvier 2019)

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) Bibliographie générale

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Pierre LIEUTAGHI « Le Livre des bonnes herbes » p. 435-438
Jacques FLEURENTIN « Du bon usage des plantes qui soignent » p. 30-31
Gérard DUCERF « L’encyclopédie des Plantes bio-indicatrices » Vol2, p.310
Gérard DEBUIGNE, François COUPLAN "Petit Larousse des Plantes Médicinales" p. 369-370
Francis DEBAISIEUX – Jean-Marie POLESE « Plantes médicinales » p. 113
Gigliola MAGRINI « Les plantes de la santé » p. 62-63

2) Ouvrages anciens 

Pierre Jean Baptiste CHOMEL « Abrégé de l’histoire des plantes usuelles » (1712) p. 142

Nicolas LEMERY « Dictionnaire universel des drogues simples » (1760) p 778

François Joseph CAZIN « Traité pratique et raisonné de l’emploi des plantes médicinales indigènes » (1850) p. 563-569

3) Articles scientifiques

(classés en ordre chronologique, des plus anciens au plus récents)
En langue anglaise, la Valériane est appelée « VALERIAN ».

HAZELHOFF B, MALINGRETM, MEIJER DK. « Antispasmodic effects of valeriana compounds : an in-vivo and in-vitro study on the guinea-pig ileum » Arch. Int. Pharmacodyn. Ther. 1982 Jun ; 257(2) : 274-87

KARIMI GH, HOSSEINZADEH H, BAKHTIYARI H. « Study of anticonvulsivant activity of Valeriana officinalis, roots and rhizomes hydroalcoholic extract in mice and relation to nitric oxide » J. Medicinal Plants 2003 ; 3(7) : 43-48 (Mashad University of Medical Sciences, Mashad, Iran)

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Par Dr Dom COQUERET

Le mercredi 25 avril 2018

Mis à jour le 9 octobre 2019