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ARNICA

ARNICA

Arnica montana L.

Article révisé en Août 2019

un groupe d’Arnica dans les Alpes
à la lisière de la Tourbière d’Arselle
Massif de Belledonne, CHAMROUSSE (Isère, 38)

Noms vernaculaires :

Arnica des montagnes, Arnique des montagnes, Herbe aux chutes, Souci des Alpes, Plantain des Alpes, Tabac des Vosges...

BOTANIQUE

Famille des Astéracées

L’Arnica est une plante pérenne possédant un rhizome brun horizontal d’où naissent de nombreuses racines ; sa tige dressée unique peut atteindre 50 à 60 cm ; les feuilles sont groupées en rosette basale, de forme ovale-lancéolée possédant sur leur face inférieure 7 à 9 nervures ressemblant à celles du Plantain ; deux petites feuilles opposées situées au milieu de la tige et plaquées contre elle sont caractéristiques de la plante, et la distinguent d’autres astéracées à capitules jaunes.
La « Fleur » est en fait un capitule jaune d’or de 6 à 7 cm de diamètre, dont le disque central et les rayons évoquent un « soleil ». Au centre, le disque est composé de fleurs tubulées jaunes groupées ; celui-ci entouré, à sa périphérie, par des fleurs ligulées jaunes, souvent au nombre de 12 à 20 ; chaque ligule se termine par un léger arrondi et 2 petites échancrures déterminant 3 minuscules dents.
Les fruits sont des akènes munies d’aigrettes.

L’étymologie du mot « Arnica » viendrait de « ptarmika », du grec « πταρμος » qui signifie « éternuer » (ainsi nomme-t-on plusieurs plantes « sternutatoires »).

Il existe des espèces proches d’Arnica, notamment :
 ARNICA Chamissonis, originaire d’Amérique du Nord ; dont il existe une sous-espèce Arnica chamissonis subsp. foliosa dont la composition chimique est proche de celle d’Arnica montana. Elle est considérée comme bio-équivalente sur le plan médicinal, et elle a l’avantage de pouvoir être cultivée plus facilement que sa consoeur montagnarde. Elle est en train de remplacer celle-ci pour l’approvisionnement des laboratoires pharmaceutiques.
 ARNICA montana subsp. atlantica, qui pousse en péninsule ibérique (Pyrénées espagnoles, et au Portugal)

Confusions : attention, on peut facilement se méprendre avec :
 les DORONICS : Doronic d’Autriche (Doronicum austriacum Jacq.), Doronic hirsute (Doronicum clusii Tausch), Doronic à grandes fleurs (Doronicum grandiflorum Lam.), Doronic plantain (Doronicum plantagineum L.), Doronic du Caucase (Doronicum orientale Hoffm.) ou Doronic tue-panthère (Doronicum pardalianches L.)... qui sont aussi des astéracées à grands capitules jaunes répandues des pelouses alpines jusqu’à la chaine du Causase ; on les distingue des Arnicas par leurs larges feuilles basales pétiolées, dentées et velues, certaines cordées, mais surtout par des feuilles radicales alternées au long de la tige. Leurs languettes sont également plus fines et plus nombreuses sur le capitule. Les Doronics auraient aussi une certaine toxicité.
 et avec les autres Astéracées à grands capitules jaunes : INULE ou GRANDE AUNEE (Inula helenium L.), RUDBECKIE DECOUPEE (Rudbeckia laciniata L.), BUPHTALME à FEUILLES de SAULE (Buphtalmium salicifolium L.), ANTHEMIS des TEINTURIERS (Anthemis tinctoria L. = Cota tinctoria (L.) J. Gay ex Guss), SOUCI OFFICINAL (ou CALENDULA officinalis L.), divers SENECONS...

HABITAT

L’Arnica est une plante de moyenne montagne au-dessus de 500 m. présente exclusivement sur sols siliceux acides, en France dans les Vosges, le Morvan, le Massif central ; et dans les Alpes et les Pyrénées jusqu’à 2400 m, les Carpates, les montagnes des Balkans et de Scandinavie...
La raréfaction de la plante du fait de l’agriculture de montagne, du broutage par les herbivores, et des cueillettes à usage médicinal en ont fait une espèce menacée soumise à une sévère règlementation dans les pays européens.
Des essais de culture de la plante sont en cours pour alimenter les besoins médicinaux en teinture d’Arnica qui sert de base à la préparation des granules homéopathiques et solutions diluées, notamment en Finlande (GALAMBOSI, 2004), en Serbie (PLJEVLJAKUSIC, 2012), et en Pologne (SUGIER, 2013).
Par ailleurs, a été démontré l’importance d’un réseau de mycorrhize arbusculaire au niveau des racines, qui conditionne la survie de communautés d’Arnica montana (RYSZKA, 2010).

USAGE MEDICINAL

1) Historique et utilisation traditionnelle

La plante semble avoir été inconnue de la médecine gréco-romaine, pour la simple raison qu’elle ne pousse ni en Grèce, ni en Italie. Si elle a pu être employée dans l’antiquité, nous ne savons pas sous quel nom, peut-être la plante nommée « Alcimos » (c’est à dire « salutaire », « vaillant ») par DIOSCORIDE, médecin et botaniste grec d’Asie Mineure au 1° siècle de notre ère.

La première mention du recours à l’ « Arnica » semble devoir être attribuée à HILDEGARDE de BINGEN, abbesse du Monastère de Ruppertsberg en Rhénanie, et mystique. Elle avertit seulement : « l’Arnica est forte et contient une chaleur vénéneuse » (cité par Paul FERRIS).

P-V. FOURNIER nous dit qu’ « Il apparait ensuite sous le vocable d’Arnich chez le médecin salernitain Matthaeus SYLVATICUS (1317) », puis que MATTHIOLE (un médecin italien de Sienne) au XVI° siècle fut le premier à le décrire tout en ignorant son emploi. Par la suite, « C’est le professeur de Goettingue, Franz JOEL qui le préconisa le premier vers la fin de ce siècle (XVI° s.) ; vers le même temps, le botaniste TABERNAEMONTANUS le disait usité en Saxe contre les blessures et les accidents du travail. En 1678, J-Mich. FEHR le célébrait déjà comme la « panacée des chutes » (Lapsorum panacea). Au XVIII° siècle, les études et monographies consacrées à ses propriétés se multiplient, surtout en Allemagne et en Autriche. »

Au XIX° siècle, MERAT et DE LENS écrivent que « Les propriétés antivomitives de l’arnica avaient été reconnues dès les premiers temps de l’emploi de cette plante, et il parait qu’on se servait de ses racines comme d’ipécacuanha, avant la découverte de cette dernière substance. »
« STOLL a fait de cette plante un usage avantageux dans la dysenterie, et la croyait même une sorte de spécifique dans cette maladie. Il faut remarquer que c’est lorsque cette inflammation était épidémique, et en quelque sorte typhoïde, qu’il a obtenu le plus de succès. »
« On cite plusieurs exemples non équivoques de suppression de fièvres intermittentes, par l’administration de la décoction d’arnica avant l’accès ; propriété qui a valu à cette plante le surnom de Quinquina des pauvres que la gentiane mériterait certainement mieux. »
« Mais c’est contre les coups, plaies, commotions, etc., de la tête, qu’on a préconisé l’arnica, et sa réputation en ce genre est presque populaire. »
Cependant les auteurs avertissent gravement les lecteurs sur la dangerosité et la difficulté de son emploi : « L’arnica est une plante active, énergique, dont l’emploi demande à être réglé avec prudence. Si on en prend une dose trop forte, on éprouve de l’anxiété, des nausées, des vertiges, de la cardialgie, des vomissements, des tremblements, et même des convulsions. »

En 1858, CAZIN, qui fut phytothérapeute dans le Nord de la France, résume les indications traditionnelles fort disparates de l’Arnica :
« Cette plante a été employée contre les accidents résultant de chutes, de commotions, de contusions, d’extravasations sanguines, etc ; contre les fièvres muqueuses et putrides, les fièvres intermittentes, la dysenterie, les catarrhes chroniques, l’asthme humide, l’oedème, certaines paralysies, l’amaurose, la chorée, le rhumatisme, et une foule d’autres maladies... »
Il rapporte que la plante acquit une grande réputation en Allemagne... mais qu’elle tomba au XIX° s. dans un discrédit (sans doute, tant il était difficile de l’utiliser sans nuire au malade !).
« Les propriétés vulnénaires de l’arnique ont été célébrées avec enthousiasme. MEISMER l’a recommandée comme telle dans les chutes, les contusions avec ecchymoses, les collections de sang caillé, etc. Il l’appelle panacea lapsorum, d’où lui est venu le nom d’ herbe-aux-chutes. »
« Comme excitant de l’action nerveuse cérébrospinale, l’arnica a été préconisé dans les paralysies... »

Il donne encore d’autres exemples d’emplois :
« COLIN prétend avoir guéri plusieurs amauroses au moyen de l’administration des fleurs d’arnica. MURRAY cite des exemples d’amauroses atoniques guéries par l’usage de cette plante. SCARPA a obtenu de grands succès de la teinture d’arnica dans les amauroses légères et nerveuses. » (L’amaurose est une perte totale de la vue, une cécité plus ou moins brutale).
« L’arnica a guéri, suivant MURRAY, le tremblement des membres ou de la langue, l’opistotonos, les convulsions de la tête, le spasme cynique, les soubresauts des membres. »
« L’arnica est mis en usage à l’extérieur comme résolutif, stimulant, antiseptique, sternutatoire, etc. La fomentation résolutive de ROSAS, contre les ecchymoses des paupières, est composée d’une infusion de fleurs d’arnica et de sommités de romarin dans le vin rouge. »
« Les paysans des Vosges se servent des feuilles et des fleurs d’arnica en guise de tabac. » (d’où cette appellation locale de « Tabac des Vosges »).

Henri LECLERC au début du XX° s. rappelait sa « réputation d’un vulnéraire puissant » : il est le remède « que toute bonne mère de famille doit posséder, sous forme de teinture, dans sa pharmacie domestique et dont elle arrose consciencieusement les plaies et les bosses de ses enfants. La teinture d’arnica est, en effet, un bon anti-ecchymotique qu’on aurait tord de reléguer parmi les topiques de bonnes femmes...mais il faut savoir bien la manier et avoir soin de l’appliquer convenablement diluée pour éviter les éruptions érysipéloïdes auxquelles elle donne lieu, lorsqu’on l’emploie pure. »
Il évoque de nombreuses expériences biologiques ayant conclu que la toxicité de l’arnica « en faisait un paralysant médullaire typique ». Et pourtant il rappelle son usage traditionnel : « A l’intérieur, l’arnica a été conseillé comme stimulant dans le traitement des paralysies consécutives à une lésion cérébrale ou médullaire. ». Il arrive à cette hypothèse concernant « le système nerveux autonome, les vasomoteurs étant stimulés par de petites doses, tandis que de fortes doses les paralysent ».

Arnica des montagnes sur le Sommet de Finiels
MONT LOZERE (Lozère, 48)

La découverte du principe Homéopathique par Samuel HAHNEMANN, un médecin allemand, dans les années 1796-1800, renouvela les connaissances sur les plantes, ainsi que la perspective thérapeutique.
Et l’Arnica fait partie des remèdes végétaux qui ont été les mieux étudiés en pratique homéopathique. Il faut rappeler que ce sont les symptômes provoqués chez une personne par l’administration de la plante à dose pondérale, et tout particulièrement des plantes toxiques, qui déterminent la « Pathogénésie » du remède. C’est le répertoire des symptômes provoqués qui servira de guide pour la prescription du remède préparé sur un mode « dilué-dynamisé ». Un effet curateur subsiste, alors qu’a été éliminée toute toxicité, tout effet délétère.
Pour ARNICA MONTANA, son action est développée par J-A LATHOUT :
« Arnica agit électivement sur les muscles et sur le tissu cellulaire. C’est par son influence spéciale sur la fibre musculaire qu’il détermine des troubles de la circulation artérielle et capillaire par lesquels s’explique son action sur les viscères, et en particulier sur le cerveau et le bulbe.
Il affecte de telle manière les vaisseaux sanguins et spécialement les capillaires que leur dilatation et l’extravasation sanguine deviennent possibles. Il produit ainsi sur l’organisme des états tout à fait semblables à ceux résultant d’une contusion ou d’un traumatisme et il est surtout utile pour les cas où un traumatisme, même guéri, semble être la cause des troubles existants. Après une contusion, ou le surmenage d’un organe, un effort musculaire, quand le corps et les membres font mal comme s’ils avaient été battus, que le lit semble trop dur, le remède est très impérieusement indiqué. »
« Dans sa pathogénésie, Arnica produit sous la peau des ecchymoses comme celles qu’on voit après une contusion et, favorisant la résorption du sang extravasé, il prévient la suppuration. Il est spécialement adapté même lorsqu’un traumatisme éloigné a été la cause primitive de la maladie en face de laquelle on se trouve. Après un traumatisme, ou le surmenage d’un muscle quelconque, ou d’une foulure, Arnica sera le bon remède. »
« Le sujet d’Arnica saigne facilement ; la tonicité de ses vaisseaux sanguins semble relâchée et l’extravasation sanguine paraît facile. Il se forme facilement au niveau de la peau des taches ecchymotiques et, à l’intérieur, les muqueuses saignent facilement ; les parties enflammées saignent. »
Sur le plan nerveux et mental, à l’hyperexcitabilité initiale succède « une faiblesse extrême allant jusqu’à la prostration ; il est abattu physiquement et moralement et il éprouve la sensation caractéristique comme s’il était brisé, comme si tout son corps était meurtri.
Triste et morne, il désire par-dessus tout être tranquille, avoir la paix ; il veut rester seul, ne désire pas qu’on lui parle, ni qu’on l’approche ; tout lui devient indifférent, non par misanthropie, mais par fatigue. »
Un symptôme pathognomonique du remède : « La tête est chaude, tandis que le reste du corps est froid. »

Le Dr HODIAMONT (de Bruxelles) insiste particulièrement sur l’effet hémorragipare du remède : « Arnica à doses toxiques provoque des extravasations sanguines au niveaux des capillaires, aussi les guérit-il en loi de similitude : contusions, ecchymoses, pétéchies, taches purpuriques, « bleus » etc, sont de son ressort. Il correspond à toutes les hémorragies relevant d’un traumatisme : saignement de nez à la suite d’un coup ou d’une chute, saignements après avulsion dentaire, accouchement ou opération, crachement de sang, expectoration sanguinolente à la suite d’un traumatisme ou simplement lorsque la toux devient suffisamment violente que pour être traumatisante : hémoptysie à la suite d’une quinte de toux trop violente ou d’un effort. »
« Arnica sera aussi utile après les interventions chirurgicales qui sont toujours traumatisantes pour l’organisme et après un accouchement toujours traumatisant pour la femme. Il arrête les hémorragies résultant des interventions et en calme les douleurs. Il est utile aussi après une avulsion dentaire et pour arrêter l’hémorragie qui en résulte. Il sera utile pour résorber les hématomes et pour la cicatrisation des fractures, toujours provoquées par un traumatisme.
Arnica sera utile dans toutes les affections qui sont des conséquences proches ou lointaines de traumatismes. »

2) Composition & Pharmacologie

La composition de l’Arnica et la connaissance des propriétés pharmacologiques de ses principaux composants ne sont vraiment mieux connues que depuis une vingtaine d’années. Environ 150 substances ont été identifiées dans les diverses parties de la plante.

 Les principales substances actives sont des Lactones sesquiterpéniques dont les taux varient entre 0,59% et 1,1% (de 0,3%-1% dans les fleurs sèches, et de 0,1%-0,5% dans les feuilles sèches) (KRIPLANI, 2017). De façon plus précise, il s’agit d’esters tigloyl, méthacryloyl, isobutyryl et 2 méthylbutyryl- d’Hélénaline et de 11α,13-dihydrohélénaline (STANEVA, 2011).
Sur 16 échantillons d’Arnica de différents biotopes espagnols, un chémotype trouvé en haute altitude (1330m-1460m) renfermait les taux les plus hauts d’esters d’Hélénaline à des concentrations de 5,2-10,3 mg/g en poids sec ; alors que les échantillons récoltés dans des prairies ou des tourbières de basse altitude renfermaient les meilleurs taux en esters de Dihydrohélénaline de 10,9-18,2 mg/g (PERRY, 2009).

 des Flavonoïdes : où un aglycone est lié à des glucosides ; ce sont des dérivés de Quercétine, Astragaloside, Lutéoline-glucoside, Kaempférol, Apigénine ...
 des Coumarines : Umbelliférone et Scopolétine
 des Caroténoïdes
 des Diterpènes
 des Triterpènes : Arnidiol, Faradiol...
 des alcaloïdes pyrolizidiniques : Tussilagine et Isotussilagine
 des acides phénoliques : acides chlorogénique, cafféique, cynarique
 des Polysaccharides : arabinogalactanes
 des dérivés dicafféoyl-quiniques
 des Lignanes...

L’Arnica contient aussi une Huile Essentielle (HE) en petite quantité.
D’après les données de la littérature, le taux d’HE est différent :
. dans les fleurs 0,04% - 0,14%
. dans le rhizome 0,5% - 6,3%
. dans les racines 1,7% - 3,7%
Ce sont donc le rhizome et les racines qui contiennent le plus d’HE.
Sur des spécimens poussant en Lithuanie, le taux d’HE dans les fleurs ne dépasse pas 0,1%. Ses composants sont (d’après JUDZENTIENE, 2009) :
 du Linalol de Géranyle (ou Géranyl linalool), un alcool terpénique, principal composant : 70% de l’HE ; il est retrouvé aussi dans la carotte sauvage (Daucus carotta), et c’est un puissant insecticide secrété par les pins. Son odeur à la fragrance de rose est utilisé en cosmétologie (dans des savons et des shampoings)
 des dérivés de Farnésène (un sesquiterpène) : 9%, dont :
. 2E-6E Farnésol 4,6%
. 2Z,6E Farnésol 0,4%
. 2Z,6E Farnésyl acétate 2,1%
. 2E,6E Farnésyl acétate 1,7%
 des composés aliphatiques 4,5%
 du Docosane : 3% : un alcane (ou cire)
 duβ-Caryophyllène : 1,9% de l’HE, et son oxyde 1,6% ; c’est un sesquiterpène bicyclique, retrouvé également dans le poivrier, le romarin, le giroflier...
 du Myrténal : 1%, un monoterpénoïde bicyclique.
Suivent les composés mineurs présents chacun < 1% :
 n-Décanol 1% un aldéhyde , également retrouvé dans le Coriandre
 n-Heneicosane 0,9%
 n-Octadécane 0,8%
 β-Bisabolénol 0,8%
 α-Cadinol 0,6%
 α-Bisobosol 0,6%
 β-Bisabolénal 0,4%
 Thymol 0,4% un phénol monoterpénique, également présent dans le Thym, le Serpolet, l’Origan et la Sarriette
 α-Humulène 0,4% un sesquiterpène monocyclique, présent aussi dans le Houblon et la Cardamome...
 Germacrène D 0,4% un sesquiterpène, également présent dans la Sauge sclarée
 Myrténol 0,4% un alcool monoterpénique, également présent chez le Myrte, l’Hysope, la Camomille romaine
 Amorpha-4,9-dien-2-Ol 0,4%

Sur des spécimens d’Arnica récoltés dans les montagnes de Serbie, le taux d’HE contenue dans les fleurs était faible < 0,1% (au maximum 0,08%) ; les proportions des principaux composants de l’HE de fleurs d’Arnica montana étaient (RISTIC, 2007) :
 β-Caryophyllène 31,5% - 34,6%
 Germacrène D 12,5% - 16,3%
 Trans-α-Ionone 3,9% - 4,3% un terpène odorant à odeur de cédre et d’HE de Violette
 Décanal 2,7% - 5,3%

A titre comparatif, les composants principaux d’HE d’une autre espèce Arnica Chamissonis, poussant dans les Balkans, étaient :
 Germacrène D 18,0% - 38,3%
 α-Pinène 6,6% - 19,1%
 p-Cymène 2,9% - 9,0%
 β-Caryophyllène 2,7% - 4,7%

Sur des Arnica polonais, le taux d’HE extrait des racines était de 0,4% à 0,6% par rapport au poids sec ; 56 composants étaient identifiés, parmi lesquels les principaux sont des dérivés du Thymol et des sesquiterpènes :
dont le 10-isobutyryloxy-8,9-didéhydro-thymol isobutyrate
et le 10-isobutyryloxy-8,9-didéhydro thymo méthyl éther (WEREMCZYK-JEZYNA, 2011).

Chez des plants d’Arnicas de culture en Serbie, les rendements en HE contenue dans les parties souterraines (rhizome et racines) atteignaient leur maximum de 4,05% dans le rhizome et de 1,89% dans les racines lors de la 2° année de culture ; puis baissaient respectivement à 2,43% et 1,85% lors de la 3° année. Les principaux terpènes aromatiques sont des dérivés du Thymol :
2,5-diméthoxy-p-Cymène
Thymol méthyl éther
2,6-diisopropylanisole

Une analyse du rhizome et des racines d’Arnicas sauvages poussant dans les montagnes des Carpates en Roumanie, a révélé une richesse en acides phénoliques (21,59-34,09 mg/g) ainsi qu’en Cynarine ou acide dicaféylquinique (l’une des principales substances de l’Artichaut, autre astéracée). La Cynarine est un polyphénol dérivé de l’acide chlorogénique, agissant sur le foie et la vésicule biliaire. Le taux de l’huile essentielle (HE) de ces parties souterraines atteint 2,18% à 3,24% selon les échantillons. 35 composants ont été identifiés, dont les principaux sont :
. le 3-t-butyl-1,2-diméthoxybenzène 59,8% - 70,5%
. le Thymol 7,5% - 9,9%
. le 1-isopropyl-5-méthylbicyclol 7,4% - 8,2%
. le 5,14-dioxapentacyclo-tétradécane 7,1% - 9,8%
. le Thymyl méthyl-éther 5,3% - 6,1% (DANILA, 2016)

un capitule d’Arnica épanoui au Grand Rocher
Massif de Belledonne (Isère, 38)

Les premières études bactériologiques menées avec des extraits d’Arnica n’ont pas été concluantes. Par exemple : une étude sur le Staphylococcus aureus, Enterococcus faecalis, plusieurs souches de Streptococcus dentaires, divers germes bucco-dentaires et sur un agent mycosique Candida albicans, n’a pas montré d’action antibactérienne significative (KOO, 2000).

Par contre, une étude pakistanaise récente a comparé l’action antiseptique de la Povidone Iodine à 10% (un antiseptique iodé utilisé dans les hôpitaux) et l’action antimicrobienne de 8 teintures-mères (TM), à savoir :
Arnica montana
Baptisia tinctoria
Berberis aquifolium
Berberis vulgaris
Calendula officinalis
Echinacea angustifolia
Rhus glabra
Thuya occidentalis,
testées sur 3 bactéries fréquemment rencontrées en pathologie humaine comme agents d’infections ou de surinfections : Staphylococcus aureus, Streptococcus pyogenes, et Pseudomonas aeruginosa. Leurs CMI (Concentration minimale inhibitrice) ont été évaluées.
. les 3 meilleures TM anti-staphylococciques jugées par leur CMI étaient :
Berberis vulgaris CMI 21,3mm (versus Povidone iodine 24 mm)
Thuya occidentalis CMI 20,3mm
Calendula officinalis CMI 19,0mm
. les 3 meilleures TM anti-streptococciques (sur S. pyogenes) étaient :
Thuya occidentalis CMI 26,3mm (versus Povidone iodine 20mm)
Rhus glabra CMI 21,3mm
Calendula officinalis CMI 20,6mm
 les 3 meilleures TM anti-pyocyanniques (ou Pseudomonas aeruginosa) étaient :
Rhus glabra CMI 32,3mm (versus Povidone iodine 21mm)
Thuya occidentalis CMI 24,6mm
Berberis vulgaris CMI 18,5mm
Quant à la TM d’Arnica montana, ses CMI étaient de 15,3mm sur le Staphylocoque doré, de 15,3mm sur le Streptocoque pyogenes, et de 9,3mm sur le Pyocyannique (ou Pseudomonas aeruginosa) faisant conclure à une activité antibactérienne modérée (ZAMAN, 2016).
A noter dans cette étude une action antibactérienne nulle pour Echinacea angustifolia, une astéracée d’Amérique du Nord largement prescrite dans les états infectieux, bronchitiques, grippaux... L’Echinacée n’a aucun effet anti-infectieux direct, c’est en réalité un immunostimulant précieux.
Par contre, le Calendula, qui est également une astéracée, est bien antiseptique.

Au tournant du XX°/XXI° siècle, une équipe de chercheurs de l’Université de Fribourg en Allemagne montrait que l’Arnica était un anti-inflammatoire dont l’action était basée sur l’inhibition de la transcription assurée par le NF-kappaB. Les Lactones sesquiterpéniques Hélénaline, et dans une moindre proportion la 11α,13 dihydrohélénaline en sont responsables. Cette voie est différente de celle habituelle empruntée par les anti-inflammatoires non-stéroïdiens comme l’Indométacine ou l’Acide acétyl salicylique. Ces auteurs précisèrent que les Lactones sesquiterpéniques de l’Arnica entravent l’activation du facteur de transcription NF-kappaB et NF-AT ; or ceux-ci sont responsables de la transcription de gènes codant pour diverses protéïnes médiatrices de l’inflammation. (LYSS, 1997) et (KLAAS, 2002).
Un screening sur 12 espèces d’Arnica (A. montana, A. chamissonis, A. longifolia...) à la recherche de propriétés pharmacologiques, a montré qu’elles étaient toutes anti-inflammatoires par inhibition de cet NF-kappaB et du largage de l’élastase neutrophile humaine (EKENAS, 2008).
Par ailleurs, les premiers tests in vivo chez l’animal traité par Arnica 6CH montraient une réduction de -30% de l’oedème aigu de la patte du rat ; et sur un modèle plus chronique d’inflammation, une inhibition de la libération d’histamine dont on sait l’action d’augmenter la perméabilité vasculaire (MACÊDO, 2004) ; ainsi, en plus de l’effet anti-inflammatoire, s’expliquerait une réduction de la perméabilité capillaire, et donc du risque d’extravasation sanguine.

Une étude de cytotoxicité a été menée sur 21 flavonoïdes et 5 lactones sesquiterpéniques présents chez plusieurs espèces d’Arnica, testés sur des cellules cancéreuses pulmonaires à petites cellules et des cellules de cancer colo-rectal. La plupart des flavonoïdes montraient une faible cytotoxicité avec des IC50 de 17-200 μM (versus Cisplatine, un antimitotique de référence dont l’IC50 est de 1,1 μM seulement sur les cellules de cancer pulmonaire à petites cellules et de 2,9 μM sur celles du cancer du colon). Par contre, parmi les lactones sesquiterpéniques testées, l’Hélénaline a révélé la plus forte cytotoxicité avec un IC50 de 0,44 μM sur le cancer pulmonaire à petites cellules, et un IC50 de 1 μM sur le cancer du colon (WOERDENBAG, 1994).

Expérimentalement chez la souris, l’extrait d’Arnica montana entraine aux doses de 50 et 100 mg/kg un effet analgésique (AHMAD, 2013).

Un complexe extrait des fleurs d’Arnica s’est montré avoir un effet antitussif, plus faible cependant que celle de la Codéine ; ainsi qu’une activité bronchodilatatrice avec diminution des résistances des voies respiratoires, semblable à celle du Salbutamol (SUTOVSKA, 2014).

En matière d’essais cliniques : plusieurs études ont été conduites avec des extraits d’Arnica en topiques. A titre d’exemple, citons 2 études menées en Suisse :
 Une étude multicentrique concernait 26 hommes et 53 femmes, atteints d’arthrose modérée des genoux ; avec 3 applications quotidiennes de Gel d’Arnica, pendant 3 et 6 semaines ; l’évaluation étant faite sur la douleur, la raideur des articulations, et le résultat fonctionnel (mobilité). Le traitement a été jugé « favorable » de façon significative, avec une bonne tolérance à 87%. De petits effets secondaires (rougeurs) ont été notés chez 6 personnes, dont 1 cas d’allergie (KNUESEL, 2002).
 L’autre étude clinique, randomisée, en double-aveugle, a concerné 204 patients atteints d’arthrose digitale interphalangienne, traités pendant 21 jours ; 99 patients traités avec une crème d’Arnica (TM 50g/100g) versus 105 traités avec une crème d’Ibuprofène à 5% (un anti-inflammatoire non-stéroïdien de référence). L’évaluation était faite sur la douleur et la mobilité. Le résultat a été jugé ’comparable’ dans les deux groupes. Des effets secondaires ont été notés chez 5 p. sous Arnica (4,8%) et chez 6 p. sous Ibuprofène (6,1%) (WIDRIG, 2007).

En ce qui concerne les études homéopathiques sur l’Arnica, les résultats sont discordants :
En faveur :
 Une étude allemande randomisée, en double-aveugle, versus placebo, a consisté à traiter 60 patients atteint de varicose au décours de chirurgie veineuse ; par Arnica D12 (12° décimale hahnemannienne) : 5 granules la veille, toutes les heures le jour de l’opération, puis 5gr x 3 fois par jour en post-opératoire pendant 14 jours. La surface des hématomes a été un peu moins étendue sous Arnica par rapport au placebo ; la réduction des algies post-opératoires a été évaluée à 43,3% sous Arnica, versus 27,6% seulement sous placebo. Cette étude tend à montrer un léger bénéfice en faveur de l’Homéopathie en basse ou moyenne dilution (WOLF, 2003).
 Une étude américaine a porté sur 29 sujets opérés de lifting facial (rhytidectomie). Les ecchymoses post-opératoires ont été évaluées par colorimétrie. Le traitement per-opératoire par l’Arnica en homéopathie a conduit en une légère diminution des ecchymoses (mais seulement significatives à J1 et J7 !) (SEELEY, 2006).
 Toujours en chirurgie, mais cette fois du genou, sur un recrutement de 227 patients pour arthroscopie, pose de prothèse du genou, ou ligamentoplastie des ligaments croisés, une étude berlinoise fut conduite, randomisée, en double-aveugle, versus placebo. Les patients traités recevaient en pré-opératoire et en post-opératoire 5 gr d’Arnica 30 x 3 fois par jour. Une réduction du gonflement post-opératoire a été obtenu, mais seulement statistiquement significatif pour le groupe opéré d’une ligamentoplastie (BRINKHAUS, 2006).
 Une étude israélienne, randomisée, en double-aveugle, versus placebo, a étudié l’effet d’une association thérapeutique : Arnica montana et Bellis perennis (la Pâquerette) sur les saignements modérés du post-partum ; chez 40 patientes, réparties en 2 groupes : l’un traité par Arnica-Bellis en 6CH, l’autre en 30CH. L’évaluation sur l’incidence des pertes sanguines a été faite par le dosage biologique de l’hémoglobine à la 72° heure du post-partum. Le taux moyen d’Hb est resté stable dans les groupes traités (passant de 12,7 à 12,4 g/l), contrastant avec une baisse du taux d’Hb dans le groupe sous placebo (passant de 12,7 à 11,6 g/l). Cette différence d’un point d’hémoglobine entre les groupes traités par Homéopathie et le groupe non-traité, est significative (OBERBAUM, 2005).
 Chez une petite série de 30 patients souffrant de lombalgies aigues, un traitement de Médecine Anthroposophique fut instauré, consistant en injections sous-cutanées d’ampoules d’Arnica planta tota D3, une fois par jour pendant les 6 premiers jours, relayées pour un groupe randomisé de 15 patients par une poursuite des injections pendant 3 mois. Une amélioration des lombalgies a été obtenue dans le groupe traité ayant reçu le traitement de consolidation (MARIANI, 2009)

A contrario :
 Deux études anglaises, toutes les deux randomisées, en double-aveugle, versus placebo, n’ont pas abouti à prouver un quelconque bénéfice significatif.
. La première sur 73 patientes recrutées pour indication d’hystérectomie totale ; dont 38 furent traitées par Arnica 30 CH ; aucune différence significative sur la douleur et les complications post-opératoires, notamment infectieuses (HART, 1997)
. La seconde menée chez 190 patients adultes (> 18 ans) en post-opératoire d’amygdalectomie ; traités par Arnica 30 x 6 fois par jour le 1° jour post-opératoire, puis 3 fois/j. les 7 jours suivants ; évalués selon des critères d’algies, de consommation d’antalgiques, et de réadmission pour hémorragie. La très légère diminution algique post-opératoire n’était pas statistiquement significative (ROBERTSON, 2007).
Nous devons faire cette remarque que cette absence d’effet correspond à des études menées avec le choix d’une haute dilution-dynamisation d’Arnica (la 30°), qui n’est peut-être pas adaptée à des pathologies physiques.
 De même, une étude française visait à évaluer l’effet possible d’un traitement homéopathique par Arnica montana 5CH et Bryonia alba 5CH, administrés 3 fois par jour, sur les saignements post-opératoires, la douleur, l’inflammation et la cardioprotection, dans le cadre d’interventions prothétiques de la valve aortique. Cette étude, randomisée, en double-aveugle, versus placebo, a été conduite dans les hôpitaux de Lyon, avec le concours du CNRS. Sur 96 patients, 46 ont reçu le traitement homéopathique. Il n’y a eu aucune différence sur le saignement des drains, le taux d’hémoglobine, la douleur, l’inflammation évaluée par le taux de CRP, et l’ischémie myocardique évaluée en post-opératoire par la surveillance du taux de troponine. 2 patients sont décédés dans chaque groupe. Le nombre de complications sévères fut de 6 dans le groupe traité et 10 dans le groupe placebo (CORNU, 2010).

Pour se faire un avis au sujet de l’Arnica utilisé selon la méthode homéopathique, une récente Revue a passé au crible la littérature scientifique concernant les situations cliniques post-chirurgicales, la douleur et l’inflammation. Les auteurs ont conclu globalement en un bénéfice supérieur au placebo ; notamment dans des situations post-traumatiques, ou post-chirurgicales ; sur des critères de douleur, d’oedème, d’ecchymoses, et d’impotence. Toutefois, des différences dans les résultats semblent dépendre des dosages et des modalités d’administration (IANNITI, 2016).

Des allergies de contact à la famille des Astéracées sont régulièrement observées. Afin d’en déterminer l’importance, une étude clinique a été conduite en Autriche ; sur 443 sujets testés :
. 18 (soit 4,06%) étaient sensibilisés à la famille des Astéracées
. 5 (soit 1,13%) étaient sensibilisés à l’Arnica
. et 9 (soit 2,03%) étaient sensibilisés au Calendula (REIDER, 2001).
Cette allergisation est attribuée aux lactones sesquiterpéniques qui ont un grand pouvoir de sensibilisation. Le risque de développer une allergie de contact dépend du statut immunitaire du sujet, en particulier de la balance entre l’activation des lymphocytes T-helper ou T-suppresseur qui peut se déclencher dès le premier contact (EMA, 2013).

Arnica dans une prairie au bord du Tarn
PONT de MONTVERT (Lozère, 48)

3) INDICATIONS THERAPEUTIQUES de l’ARNICA

L’Arnica est une très grande plante médicinale.
Mais elle fait partie des plantes qui, possédant un certain degré de toxicité, n’ont pu trouver une utilité thérapeutique qu’en respectant des posologies strictes et des règles d’utilisation.
C’est le cas de la DIGITALE POURPRE dont on utilise l’alcaloïde la Digitaline à dose du quart de milligramme, voire un huitième de milligramme chez le patient âgé.
C’est le cas encore de la plupart des remèdes végétaux employés en Homéopathie (comme la NOIX VOMIQUE, l’IPECA, l’ACONIT...) dont les effets toxiques sont à la base de l’action thérapeutique, à condition d’être suffisamment dilués (en 3,4,5 CH ou au-delà de la 6DH...).

=> Ainsi l’Arnica est-il utilisable en dilutions homéopathiques, pour tout ce qui relève d’un traumatisme : accidents, chutes, coups, contusions... avec des lésions physiques qui peuvent être des hématomes, des ecchymoses, des écrasements ou distensions musculaires, des dilacérations des parties molles, ou même des entorses ou foulures, des tendinites ou ténosynovites.
L’Arnica sera toujours indiqué quant la sensation qui résulte d’un traumatisme est une douleur localisée, une sensation de «  meurtrissure  ». c’est pourquoi le sujet relevant d’Arnica « trouve le lit trop dur ».
La plante correspond bien encore à tout ce qui sur le plan corporel aura été « forcé  » : élongations tendineuses ou « claquages  » musculaires après un exercice forcé ; sensation de courbatures après sport intensif (comme chez les marathoniens, ou chez toute personne s’adonnant à la compétition...) mais aussi chez tout randonneur, cycliste, jogger, alpiniste, gymnaste...).
Au remède homéopathique pris par voie interne, on associera l’Arnica en crème ou en gel sur les parties contuses, « loco dolenti » c’est-à-dire en applications ou en léger massages sur l’endroit douloureux.
Arnica reste le remède de tout symptôme persistant (douleur, vertige, fatigue...) d’une pathologie dont l’étiologie, même ancienne, était traumatique.

=> Arnica est un remède de commotion cérébrale entraînant une paralysie ; avec ce signe particulier propre à Arnica : « la tête est chaude, le reste du corps est froid ».

=> Arnica est aussi le remède du stress post-traumatique, et de symptômes psychiques persistants dont l’étiologie peut être rapportée sans ambiguité à un traumatisme, même ancien. Il faudra, dans ce cas, prescrire Arnica en haute dynamisation (30CH).

=> Arnica est indiqué dans le « coeur forcé des sportifs  ». Réputé comme remède musculaire et vasculaire, il est prescrit en Homéopathie dans les cardiopathies hypertensives, les cardialgies ou douleurs précordiales, et dans le « coeur affaibli des vieillards  » (bien qu’aucune étude clinique n’ait été menée à notre connaissance pour valider cette indication).

=> Il peut être prescrit dans les hémorragies (épistaxis suite à un coup sur le nez ; hémorragie post-chirurgicale, hémoptysie suite à une quinte de toux violente...) mais tout particulièrement dans les saignements du post-partum (l’accouchement étant considéré comme un « travail » douloureux et traumatisant pour l’utérus)

Arnica au sommet du Mailhe-Biau
MONT AUBRAC (Lozère, 48)

RECOLTE

La rareté de la plante, dont les stations en montagne ont été pillées durant les siècles passés pour faire la Teinture d’Arnica, interdit de la récolter en montagne. Elle est devenue une espèce protégée.
C’est une plante difficile à cultiver. Il existe cependant des cultures dans les montagnes des Balkans, en Roumanie, en Pologne et en Lituanie, qui fournissent les laboratoires qui fabriquent les topiques (crème et gel), ainsi que les laboratoires homéopathiques.

EMPLOI MEDICINAL et POSOLOGIE

 en INFUSION ou DECOCTION de fleurs
seulement pour un usage externe sur des contusions, des ecchymoses et des entorses. Bien que la décoction d’Arnica possède des propriétés antibactériennes (comme le CALENDULA), et qu’elle ait été utilisée dans le passé pour désinfecter des plaies, sa toxicité reconnue fait qu’on ne doit pas l’appliquer sur des plaies ouvertes.
 en TEINTURE MERE : ARNICA MONTANA TM. Celle-ci a été fort employée. On la prépare de deux façons : ou par macération d’une 1 part de capitules dans 5 parts d’alcool à 60° ; ou d’une part de fleurs dans 10 parts d’alcool à 70°. A employer localement sur des parties meurtries, contusionnées, sur des hématomes et des ecchymoses. On peut même l’utiliser sur des zones névralgiques (sciatique, cruralgie, névralgie cervico-brachiale...), des inflammations localisées suite à piqure d’insecte, des articulations douloureuses arthrosiques, des veinites superficielles...
Contrindication de la TM : la voie orale ne doit pas être utilisée ; et chez les sujets allergiques à l’Arnica ou aux Astéracées
 en GEL d’ARNICA où 100 g de gel contient généralement 20 à 25 g de teinture à 1/10 dans 60° ou 70° d’alcool. Dans certains pays européens, 100 g de gel contiennent 50 g d’une teinture, mais préparée à 1/20 dans de l’alcool à 50% ; en CREME d’Arnica ; en Pommade à 4% de TM d’Arnica ; ou en HUILE d’Arnica (il s’agit d’un macérat de fleurs dans une huile végétale)
On ne masse pas un hématome ! Les applications sur ecchymoses ou hématomes doivent donc se faire sans massage.
Par contre, on peut utiliser la Crème, le Gel, ou l’Huile en massages doux sur des rhumatismes, des articulations ou des muscles douloureux, sur des entorses, des tendinites ou des ténosynovites.
On peut l’associer à une Crème contenant de l’HELICHRYSE ITALIENNE qui a les mêmes vertus sur les coups et les ecchymoses.
Contrindication de l’Arnica en applications locales : les plaies ouvertes.
 Il existe aussi une Huile Essentielle d’Arnica (HE) : trop toxique pour être utilisée.

Pour toutes les indications du Remède qui ont été précisées, on aura avantage à recourir à l’Homéopathie, seule voie interne autorisée :
 ARNICA en basse dynamisation de la 3DH à la 6DH, ou en 4-5CH pour des symptômes très physiques (ecchymoses ou hématomes suite à des coups, une contusion, une chute, un accident...) 3gr x 3-4 fois/j. à prendre en dehors des repas. On peut l’associer à BELLIS PERENNIS en 4 ou 5 CH qui est aussi un remède de contusion des parties molles (en particulier des seins) et de traumatisme pelvien.
 ARNICA en moyenne dynamisation 7CH ou 9CH pour les mêmes indications physiques, et surtout les signes fonctionnels (douleurs, sensation de meurtrissure, fatigue...suite de traumatisme ou de sport intensif) et en cas d’hémorragie : 5gr x 2 fois /j. (au lever et au coucher) ;
on l’associera volontiers en cas de douleur et d’inflammation à BELLADONNA ou BRYONIA en 7-9CH également.
 ARNICA en haute dynamisation 15CH, 24CH, 30CH lorsque le traumatisme a causé des troubles psychiques, ou lorsque la cause est ancienne. plutôt en doses hebdomadaires. On l’associera volontiers à GELSEMIUM 15CH voire 30CH lorsque le traumatisme a entrainé une frayeur brutale, et lorsque persiste un sentiment de peur, ce qui est souvent le cas après une agression.

un capitule d’Arnica "traumatisé"
Forêt domaniale des Laubies
Mont LOZERE (Lozère, 48)

PHARMACOPÉE FRANÇAISE

Liste A (capitule) (ansm, Janvier 2019)

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2) Ouvrages anciens

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3) Articles scientifiques

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WEBOGRAPHIE

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Par Dr Dom COQUERET

Le mercredi 3 octobre 2018

Mis à jour le 14 août 2019