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CHELIDOINE

CHELIDOINE

Chelidonium majus

Article révisé en Août 2019

des Chélidoines
au pied du vieux mur du château
VAL DE MERCY, 89 Yonne

Noms vernaculaires :

Grande Chélidoine, Chélidoine majeure, Grande Eclaire, Herbe aux hirondelles, Herbe aux verrues

BOTANIQUE

Famille des Papavéracées

Plante vivace, à la racine fusiforme, brun-rougeâtre ; aux tiges dressées ramifiées de 40 à 80 cm de haut, poilues, creuses où circule un latex corrosif jaune-orangé de saveur âcre très amère. Les feuilles inférieures sont pétiolées, les supérieures sessiles, imparipennées (5-7 folioles par feuille), lobées à bord arrondi, de couleur glauque ; les fleurs ont 4 pétales en croix, jaune-d’or, avec de nombreuses étamines ; le fruit est une silique de 4-5 cm, à l’aspect d’une « gousse » renfermant de petites graines noires coiffées d’un « élaïosome  » : celui-ci est une excroissance cireuse riche en lipides et en protéines qui attire les fourmis. Transporté dans la fourmilière, l’élaïosome sert de nourriture aux larves, tandis que la graine rejetée avec les excréments des fourmis sur leur « déchetterie » se trouve ainsi disséminée en un lieu propice à sa germination. Exemple splendide de symbiose ou de collaboration « solidaire » entre le monde végétal et le monde animal !

HABITAT

Plante de l’Europe tempérée, des bois humides de plaine et basse montagne, qui pousse au pied des vieux murs calcaires ; nitrophile, elle a besoin d’azote qu’elle trouve sur les décombres à proximité des habitations, ou dans les bois de Robinia pseudo-acacia (dont les racines présentent des nodosités où les bactéries symbiotiques fixent l’azote de l’air).

une Chélidoine
au Hameau de Montgaret
POURRAIN, 89 Yonne

USAGE MEDICINAL 

1) Historique et usages traditionnels 

La première mention historique de l’utilisation de la Chélidoine remonte à DIOSCORIDE, médecin grec du 1° siècle de notre ère, qui raconte pourquoi le nom de cette plante signifie « l’herbe aux hirondelles », car elle fleurit à leur arrivée et se fane à leur départ. Les anciens lui attribuaient la faculté d’ « éclaircir la vue » des gens atteint de cataracte, voire de cécité : elle rendait , disait-on, la vue aux aveugles.

GALIEN au 2° siècle, l’employait déjà , infusée dans du vin, pour l’ictère, bien avant donc que PARACELSE au XVI° s. la recommanda pour faire couler la bile, selon sa chère théorie des signatures, le latex jaune-orangé de la plante ne pouvant qu’être bon pour la jaunisse.

Or, tandis que l’usage populaire a toujours fait brûler les verrues par son suc caustique appliqué directement, les médecins des XVII° au XIX° s. confortèrent son intérêt dans l’ictère.

Pierre-Jean-Baptiste CHOMEL en 1715 recommande la plante entière comme « plante hépatique » et pour l’inflammation des yeux (dans les ulcérations et les taies cornéennes) en compresses d’extrait dilué. Sa racine infusée dans du vin blanc traite l’hydropisie (oedèmes). CHOMEL cite un médecin de la Faculté de Paris, Julien PAULMIER qui l’utilisait même dans la peste afin de provoquer une « sueur salutaire ».

CULLEN, ce célèbre médecin écossais (dont l’étude sur le Quinquina fit découvrir à Samuel HAHNEMANN la Loi de similitude homéopathique), sceptique à propos du suc jaune, écrit que « cette doctrine des signatures seule a déterminé à admettre le Curcuma et la Grande Chélidoine dans le décoctum ad ictérios de la Pharmacopée d’Edimburg » de 1756.

CAZIN, dans son Traité des plantes médicinales de 1868, dit que la Chélidoine est « excitante, diurétique, purgative » et « éméto-cathartique » Il prescrivait volontiers son suc mêlé à du miel, et dilué, pour traiter l’hydropisie (oedèmes), les ictères chroniques ayant résisté à d’autres traitements, les affections « scrofuleuses » avec « engorgement lymphatique » et adénites suppurées axillaires ou inguinales ; dans la goutte et la gravelle (calculs urinaires), et les ophtalmies.

Un médecin russe du XIX° siècle, le Dr DENISSENKO en 1896, au vu des propriétés cytotoxiques de la plante sur les tumeurs verruqueuses, l’essaya en injections en périphérie de tumeurs cutanées épithéliomateuses, avec une amélioration temporaire, mais au prix d’importantes réactions inflammatoires locales. Des effets stabilisants de la croissance tumorale auraient été également observés (par exemple dans des cancers gastriques). Des recherches sont en cours sur ses propriétés anti-mitotiques.

2) Composition & Pharmacologie 

La plante contient :
 du nitrate de potassium,
 un pigment jaune (la chélixanthine),
 des Vitamines A et C,
 des oligo-éléments : principalement du potassium et du phosphore,

 des acides organiques (acide chélidonique, caféique, férulique, coumarique, malique, citrique, succinique, gentisique, parahydroxybenzoïque, nicotinique…)

 des Flavonoïdes (Rutine, Quercétine, Kaempférol...)

 des Saponines,

 des Phytostérols (Spinastérol, ergostérol...)

 des Alcools (Chélidoniol, hexa et nona-Cosanol...)

 des Amines : Choline, Tyramine, Histamine

 mais l’intérêt majeur de la Chélidoine réside dans sa richesse en alcaloïdes benzophénanthridiniques et isoquinoléiques  : une trentaine actuellement identifiés. Leur concentration, variable selon les saisons, est d’environ 0,5-1,5% (jusqu’à 2,5% selon certaines publications) dans les parties aériennes, et de 2% à 3% (au grand maximum 4%) dans la racine ; ils portent ensemble les propriétés pharmacologiques de la plante : antibactérienne, et antivirale, antifongique, anti-inflammatoire, et cytotoxique.

 Ces principaux alcaloïdes de type « Benzophénanthridines » sont :
. la chélidonine, qui est hépatoprotectrice, antitumorale, et inhibitrice de l’enzyme cholinestérase (donc pressentie comme ralentisseur de la Maladie d’Alzheimer)
. la chélérythrine, qui est antibactérienne (en particulier contre le Staphylocoque doré ) et antifongique, anti-inflammatoire, protectrice gastrique, antitumorale, anti-agrégant plaquettaire, néphroprotectrice, et également anticholinestérasique.
. la sanguinarine, surtout présente dans la racine ; trouvée également en forte concentration dans la Sanguinaire du Canada ; utilisée dans des dentifrices et des bains de bouche, car elle inhibe la plupart des germes de la plaque dentaire. Elle est aussi anti-inflammatoire, anticancéreuse, anticholinestérasique.
. les autres sont la Chélélutine, la Chélérubine, la Chélamine, la Chélidimérine, la Chélamidine, la Nitidine (anti-inflammatoire, antimalarique, anticancéreuse), l’Oxynitidine, l’Angoline (antitumorale) et la Macarpine.

 Les alcaloïdes « isoquinoléiques » sont :
. la Noroxihydrastinine et la Turkiyénine.
. les alcaloïdes « protopines » : essentiellement la Protopine (qui est anti-oxydante, anti-inflammatoire et analgésique, antithrombotique, antitumorale en induisant l’apoptose, et anti-amnésique en inhibant la cholinestérase) et l’ Allocryptopine.
. Sont présents également des alcaloïdes « protoberbérines » :
dont la Berbérine : une isoquinoléine présente aussi chez le Pavot à opium et l’Epine-Vinette ; elle a aussi de nombreuses propriétés : antibactérienne (sur les Staphylocoques résistants) et antivirale, anti-inflammatoire, anticancéreuse et anti-angiogénique, hépato et cardioprotectrice, antismasmodique, augmente les monoamines cérébrales, et anticholinestérasique...
et la Coptisine : qui est anti-inflammatoire et cardioprotectrice ; elle améliore l’hémodynamique rénale ; antimitotique : une utilisation de cette substance couplée avec un autre antimitotique (le THIOTEPA) est à l’étude, en vue de déboucher sur un produit de chimiothérapie anti-cancéreuse.
. les autres étant la Canidine, la Stylopine, et la Corysamine.
. d’autres alcaloïdes isoquinoléiques sont des Aporphines : la Magnoflorine et la Corydine.

 Un autre alcaloïde de type quinolisidique est la Spartéine (bien connue car découverte dans le genêt à balai) est un chélateur du Calcium et du Magnésium, un tonicardiaque, et un activateur des contractions utérines (utilisé pour favoriser l’accouchement).

Les propriétés pharmacologiques démontrées par les travaux scientifiques (in vitro et in vivo) sont nombreuses :
 anti-oxydant par ses polyphénols (flavonoïdes)
 antibactérien : notamment sur le Streptococcus mutans et le Staphylococcus aureus y compris les souches méti-R (résistantes à la Méticilline) ; sur Bacillus anthracis (le terrible Bacille du charbon), ainsi que sur certaines entérobactéries : E. Coli et Salmonella enteritidis
 antifongique : active sur le Candida albicans, mais aussi sur les Trichophytons (agents des teignes), le Microsporum canis (agent des dartes), l’Epidermophyton flocosum, et l’Aspergillus fumigatus (responsable d’aspergillose pulmonaire ou sinusienne), ainsi que sur l’Alternaria
 anti-protozoaire : inhibiteur de la croissance du Trichononas vaginalis, agent d’uréthrite et de vaginite
 antivirale  : la Chélidoine agit sur l’Herpès-virus (HVS-1), adénovirus, poxvirus et Influenzae ; la Chélidonine et la Berbérine ont fait preuve d’une action contre le virus de l’immunodéficience humaine HIV 1 (agent du Sida), en inhibant l’enzyme réverse transcriptase
  anti-ulcérogène : la Chélidoine réduit l’acidité et prévient la formation d’ulcère gastrique (en agissant sur les leucotriènes, et en augmentant le mucus protecteur par la prostaglangine PGE2) ; une étude chez l’animal a mis en évidence une réduction des lésions dans la colite ulcéreuse
  hépatoprotecteur : les expérimentations valident l’emploi traditionnel de la Chélidoine sur la sphère hépatique : elle augmente la cholérèse chez le rat (c’est-à-dire la quantité de bile dont le flux est triplé) ; elle protège le foie de l’hépatotoxicité de diverses substances toxiques (dont le CCL4 = tétrachlorure de carbone), réduit la cytolyse. Une action hépatoprotectrice a même été obtenue par des hautes dilutions homéopathiques (CHELIDONIUM 30CH)
 antispasmodique intestinal  : une action de type « papavérine-like » a été démontrée sur la musculature lisse iléale chez le cobaye
 antispasmodique bronchique, d’où des améliorations constatées dans l’asthme et la bronchite asthmatiforme
  anti-inflammatoire et antiarthritique : cette action s’exerce au niveau des tissus enflammés par réduction de plusieurs facteurs d’inflammation, dont le TNF-alpha et l’Interleukine IL6... elle abaisse le Facteur rhumatoïde
 analgésique  : une action anti-nociceptive est due à la Chélidonine et à la Berbérine ; en diminuant le GABA et en augmentant le Glutamate qui sont des neuromédiateurs de la douleur au niveau cérébral
 anticholinestérase : plusieurs alcaloïdes de la Chélidoine ont un effet inhibiteur de l’Enzyme Acétylcholinestérase chargée de dégrader l’Acétylcholine, cet important médiateur de la neurotransmission cérébrale ; dont la production est déficiente dans certaines formes de démences (maladie d’Alzheimer). L’identification de substances ralentissant sa dégradation permet la mise au point de nouveaux traitements testés dans les démences
 immunomodulateur : en augmentant la population des macrophages (une des populations de globules blancs mobilisés au niveau des foyers infectieux)
  hypolipidémiants  : la Chélidoine réduit les taux de Triglycérides et de LDL-cholestérol
 en radioprotection : expérimentalement sur l’animal, la Chélidoine n’empêche pas les lésions induites par l’irradiation, mais elle raccourcit le temps de récupération hématologique après exposition à des radiations ionisantes
 diurétique et néphroprotecteur  : des extraits de Chélidoine, dans l’intoxication de rats au cadmium, maintiennent la diurèse et limitent le degré d’insuffisance rénale
 anticancéreux : la plupart des alcaloïdes de la Chélidoine (Chélidonine, Chélérythrine, Sanguinarine, Angoline, Berbérine, Coptisine, Protopine) sont inhibiteurs de la carcinogenèse ; ils antagonisent de nombreux carcinogènes chimiques, et inhibent l’angiogenèse (qui sont des néovaisseaux permettant l’extension tumorale) et la prolifération fibroblastique. Ainsi, la Chélidonine et la Sanguinarine induisent l’apoptose (mort cellulaire) des cellules leucémiques lymphoblastiques. Des extraits de Chélidoine et de Coptisine ont manifesté leur forte activité antitumorale sur le cancer du colon. Une préparation hémisynthétique d’acide thiophosphorique couplée à de la Chélidonine (UKRAIN®) a montré un intéressant potentiel thérapeutique sur les cancers du poumon, du pancréas, de la prostate, du sein, et de la vessie. Des essais cliniques chez l’homme ont montré un allongement de la survie.
 enfin, une action antithrombotique a été démontrée, due à la Protopine.

On a décrit la possibilité d’intoxication aiguë à la Chélidoine, lors d’ingestion excessive. Les symptômes en sont : une intolérance digestive (avec des brûlures oeso-gastriques, des vomissements, des coliques abdominales avec diarrhées sanglantes ), une irritation du système nerveux (délire, hallucinations…) suivi d’un effet narcotique sur le système nerveux central (propre aux papavéracées), une paralysie des terminaisons nerveuses, touchant la commande nerveuse du cœur (bradycardie), se terminant par une paralysie respiratoire mortelle.

Des soupçons d’Hépatotoxicité planent sur la Chélidoine, totalement contradictoires : à tel point que l’administration per os (orale) a pu être déconseillée.
 Or, à des posologies habituellement recommandées, nombre de personnes se sont soignées avec cette plante pendant des siècles, avec des améliorations hépatiques, sans effets secondaires majeurs répertoriés.
 Il faut évidemment tenir compte des complications évolutives propres à une pathologie débutante pour laquelle le patient avait commencé un traitement par la Chélidoine, sur les seuls symptômes de « dyspepsie », de « crise de foie », de subictère... Ces complications infectieuses, obstructives, néoplasiques (angiocholite, cholécystite, ictère cholestatique par obstruction lithiasique cholédocienne, compression extrinsèque du cholédoque par une adénopathie néoplasique satellite d’un cancer gastrique ou pancréatique) ne sont pas imputables à la Chélidoine.
 Des expérimentations chez l’animal à des posologies 50 à 100 fois plus fortes que celles préconisées chez l’homme n’ont pas montré d’hépatotoxicité particulière (MAZZANTI G et al ; 2009)

 Quelques dizaines de cas d’hépatite d’allure médicamenteuse ont aussi été signalées, ponctuelles, dont une vingtaine seulement bien documentées. Elles sont survenues dans un délai de 3 semaines à 4 mois après début d’un traitement phytothérapique oral à base de Chélidoine ; les signes cliniques ont été une asthénie, une anorexie, des nausées puis des vomissements, l’apparition d’urine foncée et d’un ictère ; les transaminases ALAT sont montés entre 152 et 4765 (moyenne 1435) ; dans tous les cas, l’évolution clinique a été favorable. La responsabilité n’a pas pu être imputée à une substance précise de la plante. Une réaction « idiosyncrasique » (c’est-à-dire une susceptibilité individuelle, propre à chacun des patients) est évoquée. (MORO PA et al 2009)

3) INDICATIONS THERAPEUTIQUES de la CHELIDOINE

Elles se résument à :
=> une action hépato-biliaire complète, qui conjugue un effet cholérétique (augmente la production de bile par le foie) et cholagogue (provoque la vidange vésiculaire), des propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires utiles dans l’angiocholite et la cholécystite, doublées d’action antalgique et antispasmodique. Tout ictère ou douleur de l’hypochondre droit peut en indiquer l’emploi (dans l’attente, bien sûr, des investigations nécessaires et d’un diagnostic précis. Car, de toute façon, une cholécystite lithiasique conduira à une intervention chirurgicale de cholécystectomie ; un ictère par compression du cholédoque par une tumeur pancréatique conduirait aussi à une chirurgie de dérivation de la voie biliaire principale...).
La Chélidoine convient sûrement mieux pour terminer une hépatite virale, ou pour drainer le foie dans le cas d’un subictère chronique par cirrhose.

=> une action antispasmodique sur le système gastro-intestinal et respiratoire, comparable à la Papavérine ; indiquée dans les gastrospasmes, et dans la colite spasmodique avec constipation ; également dans l’asthme et la bronchite asthmatiforme

=> elle est un anti-vasoconstricteur artériel  : qui relaxe les spasmes coronaires, réduit la vasoconstriction artériolaire, et la tension artérielle

=> la Chélidoine a un effet sédatif et somnifère assez doux , effet propre aux papavéracées (toutefois, dans cette indication, mieux vaut faire appel à d’autres papavéracées non-toxique telle l’ESCHOLTZIA CALIFORNICA ou le COQUELICOT)

=> ses propriétés antibactériennes, antifongiques, antivirales, et anti-inflammatoires l’ont fait utiliser dans la pneumopathie de la base pulmonaire droite (souvent en rapport avec une inflammation hépatique) ; en applications locales, diluée, en collyre dans les blépharo-conjonctivites, et en compresses imbibées de décoction sur des adénites suppurées ; et sur des mycoses cutanées (teignes trichophytiques et dartres microsporiques)…

=> son effet cytotoxique  est très marqué : on continue d’utiliser depuis des générations son latex orangé, très corrosif, sur les verrues, car il vient à bout des verrues digitales les plus tenaces.

Ses propriétés antitumorales, très étudiées depuis une trentaine d’années, et très prometteuses, ne peuvent pas être mises à profit en utilisant la plante « nature » à forte posologie, trop caustique. Des extraits purifiés (associant plusieurs alcaloïdes comme la Chélidonine, la Sanguinarine, la Coptisine) sont expérimentés comme remèdes complémentaires chez des patients cancéreux (leucémie lymphoblastique, cancers d’estomac, du colon, de la prostate...). A défaut d’être un traitement suffisant par elle-même, la Chélidoine, par sa richesse en alcaloïdes inhibiteurs d’angiogenèse et/ou inducteur d’apoptose, pourrait, en adjonction à la chimiothérapie, freiner l’évolution métastatique.

=> de même, les propriétés anticholinestérasiques de plusieurs alcaloïdes de la plante sont à l’étude pour voir si la restauration de taux plus élevés d’Acétylcholine cérébrale est susceptible d’améliorer cliniquement les patients atteints de Maladie d’Alzheimer et d’autres démences.

RECOLTE

 les parties aériennes (tiges, feuilles, et fleurs) : en été, faire sécher
 le latex prélevé sur plante fraiche : en séchant, il se solidifie et brunit
 les racines, à l’automne ; les faire sécher

EMPLOI MEDICINAL et POSOLOGIE

 ATTENTION : la voie interne reste déconseillée, ou seulement en posologie diluée sous prescription et surveillance d’un thérapeute averti :
Ne pas utiliser de plante fraiche par voie interne ;
seulement la plante séchée, en respectant impérativement les posologies :

en INFUSION : de feuilles séchées ou des parties aériennes : FOURNIER recommandait de ne pas dépasser, sous peine d’empoisonnement : 15 à 30 g / litre (soit 1 cuillère-à-café de 3 à 5 g. /tasse de 150 ml) x 3 fois /j (ce qui correspond au maximum 15 g /24H) à édulcorer avec du miel, ou mieux avec du lait, pendant quelques semaines seulement, et sous réserve de la tolérance digestive ; pour les indications hépato-biliaires, respiratoires, ou artérielles sus-décrites

 en DECOCTION de racine sèche : FOURNIER recommande seulement 10 à 15 g /litre ; une tasse avant les repas.

 en POUDRE de racine sèche : 2 à 4 g (par 24H) incorporé dans du miel

 une ancienne recette : en macération à froid : d’ « une pincée de feuille » à laisser macérer à froid pendant une nuit entière dans un verre de petit lait, à boire au matin : « guérit la jaunisse »

 en TEINTURE MERE : CHELIDONIUM MAJUS TM qui présente la garantie d’une forme galénique standardisée titrée : 20 à 30 gouttes à diluer dans un verre de lait x 2 à 3 fois/j.

 son emploi en HOMEOPATHIE est, par contre, tout à fait sécure :
Voici les symptômes remarquables qui valorisent le choix de ce remède :
« tout est lent : l’esprit, la démarche, la parole » (proche d’OPIUM)
« douleur à l’angle inférieur de l’omoplate droite » (qui est l’endroit de l’irradiation postérieure de la douleur vésiculaire)
« pression dans la région hépatique » dans l’hypochondre droit
« coloration jaune sale des conjonctives »
« langue sèche jaunâtre »
« goût amer, l’estomac ne peut rien supporter, sauf soulagé par l’absorption de lait chaud… »
« selles pâteuses, décolorées, de coloration jaune d’or »
« urine jaune foncée », « peau jaune » donc ictérique
On emploie CHELIDONIUM MAJUS en 4CH, 5CH, ou 7CH gr : 3 granules à jeun 1/2H au moins avant les 3 repas ; ou mieux en décimale, plus active : CHELIDONIUM MAJUS 6DH en dilution : 20 gouttes x 3 fois/j. en cas d’hépatite, d’ictère (jaunisse), d’hépatalgie ( douleur au niveau du foie sous le gril costal droit), de « foie surchargé » après des excès, ou de migraines d’origine digestive.

Il existe une excellente composition du Laboratoire BOIRON commercialisée sous le nom de CHELIDONIUM COMPOSE où sont associées en 3DH à parts égales : la CHELIDOINE, le SOLIDAGE, l’HYDRASTIS, le QUINQUINA ROUGE, le PISSENLIT et le CHARDON MARIE ; nous avons eu l’occasion de le prescrire bien des fois ; il est nettement plus efficace en gouttes (dilution) qu’en granules : 10 à 15 gouttes x 3 fois / jour, à prendre à jeun dans très peu d’eau, par cures de 3 à 4 semaines dans les dyspepsies d’origine hépato-biliaire, et la constipation.

Il existe encore un autre excellent remède de Médecine anthroposophique : le CHOLEODORON WELEDA® à base de CHELIDOINE (racine) 1DH et CURCUMA,(rhizome) 1DH en soluté buvable : 10 à 15 gouttes x 3 fois/j. élaboré pour le drainage biliaire du « couple foie-vésicule », pour prévenir les tendances lithiasiques, et en cas de microlithiases vésiculaires.

 en usage externe : le latex pur x 3 à 4 fois/j directement sur la verrue, laisser sécher ; persévérer pendant 3-4 semaines ; ou en compresses imbibées d’infusion ou de décoction sur une adénite fistulisée ou ulcérée.

(nous ne recommandons pas l’instillation oculaire, même diluée, car la Chélidoine est caustique ; il existe bien d’autres collyres spécifiques sans risque de causticité !)

PHARMACOPEE FRANÇAISE 

Liste A (ansm Janvier 2019)

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) Bibliographie générale :

Henri LECLERC « Précis de Phytothérapie » p. 268-270

Paul-Victor FOURNIER « Dictionnaire des Plantes médicinales et vénéneuses de France » 1947, ré-éd. 2010 p. 250-253

Pierre LIEUTAGHI « Le livre des bonnes herbes » p. 184-187

Jean BRUNETON « Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales » 4° édition 2009, p. 1068-1069

Joanne BARNES, Linda A. ANDERSON, J. David PHILLIPSON 3° Ed. 2007, London, Pharmaceutical Press, p. 136-144

Gérard GOMEZ « Les alcaloïdes » http://webpeda.ac-montpellier.fr

Frantisek STARY « Plantes médicinales » p. 76-77

Vaclav VETVICKA « Plantes des champs et des forêts » p. 132-133

Léon VANNIER, Jean POIRIER « Précis de Matière Médicale Homéopathique » p. 140-141

2) Ouvrages anciens :

Pierre-Jean-Baptiste CHOMEL » Abrégé de l’histoire des plantes usuelles », édition de 1715, p. 414-416

William CULLEN « Traité de matière médicale » Edition Bosquillon, Edimbourg, 1789 Vol 1 , p. 25

François Joseph CAZIN « Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes », Paris, 3° éd. 1868, p. 278-284

3) Articles scientifiques :

(articles classés en ordre chronologique, des plus anciens aux plus récents) :
En langue anglaise, la Chélidoine est nommée CELANDINE ou GREATER CELANDINE :

TABOSKA E, BOCHORAKOVA H, DOSTAL J, PAULOVA H. « The greater celandine (Chelidonium majus L.) – review of present knowledge » Ceska Slov. Farm. 1995 Apr ; 44(2) : 71-5 (Masarykova University, Brno, Czech republic)

COLOMBO ML, BOSILIO E. « Pharmacological activities of Chelidonium majus L. (Papaveraceae). » Pharmacol. Res. 1996 Feb ; 33(2) : 127-34 (Milan University, Italy)

HILLER KO, GHORBANI M, SCHILCHER H. « Antispasmodic and relaxant activity of chelidonine, protopine, coptisine, and Chelidoniuim majus extracts on isolated guinea-pig ileum. » Planta Med. 1998 ; 64(8) : 758-60 (Marburg Universität, Germany)

GERENCER M, TURECEK PL, KISTNER O, MITTERER A, SAVIDIS-DACHO H, BARRETT NP. « In vitro and in vivo anti-retroviral activity of the subsance purified from the aqueous extract of Chelidonium majus L. » Antiviral Research 2006 Nov ; 72(2) : 153-6 (Austria)

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MAZZANTI G, DI SOTTO A, FRANCHITTO A, MAMMOLA CL, MARIANI P, MASTRANGELO S, MENNITI-IPPOLITO F, VITALONE A. « Chelidonium majus is not hepatotoxic in Wistar rats, in a 4 weeks feeding experiment. » J. Ethnopharmacol. 2009 Dec ; 126 :518-24 (Rome University, Italy)

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BOUQUET J, RIVAUD M, CHEVALLEY S, DEHARO E, JULLIAN V, VALENTIN A. « Biological activities of nitidine, a potential anti-malarial lead compound » Malaria Journal 2012 Mar ; 11 : p. 67 (Université de Toulouse, France)

TESCHKE R, FRENZEL C, GLASS X, SCHULZE J, EICKOFF A. « Greater Celandine hepatotoxicity : a clinical review » Ann. Hepatol. 2012 Nov-Dec ; 11(6) : 838-48 (Goethe University, Franckfurt/Main, Germany)

MAJI AK, BANERJI P. « Chelidonium majus L. (Greater celandine) – a Review on its Phytochemical and Therapeutic Perspectives » Intern. J. of Herbal Medicine 2015 ; 3(1) : 10-27 (Kolkata, West bengal, India) Online in www.florajournal.com

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WEBOGRAPHIE 

www.fr.wikipedia.org
www.doctissimo.fr
www.wikiphyto.org

Par Dr Dom COQUERET

Le jeudi 3 août 2017

Mis à jour le 31 août 2019