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HOUBLON

HOUBLON

Humulus lupulus L.

Article révisé en Septembre 2019

Houblon cultivé,
Conservatoire National des Plantes
MILLY LA FORÊT (91, Essonne)

Noms vernaculaires :

Houblon, Vigne du Nord

BOTANIQUE 

Famille des Cannabacées

Le Houblon est en fait une plante herbacée volubile proche de la vigne ; ses tiges ramifiées semblables à des lianes peuvent grimper à 5-6 mètres de hauteur, en s’accrochant aux arbres environnants grâce à de petits crochets à l’extrémité des poils, et en entourant leurs supports en tournant dans le sens dextrogyre. Ses feuilles vertes sont opposées, composées de 3 à 5 lobes dentés ; le houblon est dioïque, c’est-à-dire que les fleurs de sexes différents, mâles et femelles, sont portées par des plants différents. Les fleurs mâles sont disposées en grappes rameuses, d’implantation axillaire, dont le calice a 5 pétales et 5 étamines ; les fleurs femelles ont la forme de strobiles appelés communément « cônes », qui pendent ; ils passent de la couleur vert-pâle au jaune en mûrissant, et sont faits de bractées écailleuses, entourant un ovaire à 2 stigmates ; le fruit ovoïde est couvert de glandes sécrétant une résine jaune aromatique, poisseuse, appelée lupuline. Ces petites glandes jaunes en forme de minuscules champignons finissent par se détacher et tomber, en une poudre appelée « lupulin ».

L’étymologie de « Houblon », appelé « Humolone » au Moyen-Âge, dériverait de l’ancien néerlandais « Hommel » et du germanique « Humel ».

HABITAT 

Le Houblon est originaire d’Eurasie. Il existe toujours des houblons sauvages en Asie et en Amérique du Nord. En Europe tempérée, il est cultivé depuis plus de mille ans ; on le cultive aussi en Amérique du Nord ; il a été importé dans l’Hémisphère Sud (Afrique du Sud, Australie, et Amérique du Sud) pour y être cultivé.
Le Houblon est une plante qui aime un sol riche en humus, en bordure de forêts, ou dans les lieux humides, au bord des ruisseaux (là où poussent les aulnes et les saules).

USAGE MEDICINAL 

1) Histoire et usages traditionnels 

PLINE l’ANCIEN mentionne l’usage des jeunes pousses de « Lupus salictarius » (le nom du houblon l’époque romaine) dégustées en salade.

C’est au VIII° et au IX° siècles que sa culture se répand en Hongrie et en Allemagne pour son incorporation, indispensable, à la fabrication de la bière, en vertu de ses propriétés antiseptiques ; il lui donnait aussi son amertume et son arôme.

Ses propriétés médicinales ne furent reconnues que tardivement.
La première mention remonterait à Jean MESUE (nom francisé de Yuhanna ibn MASAWAIH, un apothicaire de l’hôpital arabe de Gundishapur actuellement Bagdad en Irak) ; celui-ci le préconisait dans les fièvres bilieuses, pour purger et clarifier le sang (cité par LECLERC).

Les botanistes l’appelèrent ensuite « Lupulus » (« le petit loup »).
Pierandrea MATTHIOLI, botaniste italien du XVI° siècle, traitait du Houblon avec les plantes grimpantes, après les Liserons et la Salsepareille, il écrit :
« En Allemagne, Boheme, Pologne et autres régions septentrionales, on sème et entretient le houblon avec grand soin et diligence, pour faire la cervoise, laquelle on ne saurait faire sans les bourses ou gousses dudit houblon ».
« Les fleurs et gousses... mondifient le sang, ils lâchent le ventre, désopilent, et sont plaisants au goût. La décoction de fleurs et gousses est bonne en breuvage contre les poisons, contre la rongne, vérolle et autres infections de la peau, comme gratelles, feu volage, vitiliges et autres semblables ».
Il cite MESUE qui, parmi les « volubilis » (lianes), décrit le Lupulus et ses qualités : « Il évacue la cholère, et en mondifie le sang, et éteind les inflammations d’icelui ». « Son jus cuit en sucre en mode de syrop guérit la jaunisse ».

Nicolas LEMERY, qui fut apothicaire à Paris à l’époque du roi Louis XIV, nous apprend que « Les feuilles et les sommités tendres du houblon sont employées en décoction pour les maladies du foie, de la rate, pour purifier le sang, pour exciter l’urine, pour la gratelle. Les fleurs de houblon sont amères, propres pour atténuer les humeurs grossières de la rate, du foie, des hypochondres, pour fortifier les parties dans les contusions, pour résoudre les tumeurs ».

Au XIX° siècle, que reste-t-il des utilisations médicinales des trois siècles précédents ? MERAT de VAUMARTOISE en collige les indications en 1831 :
« On le donne avec succès comme stomachique, dans l’inappétence, l’affaiblissement du système digestif, etc ; on le prescrit aussi dans les fièvres intermittentes légères, et comme anthelminthique... Un des usages les plus répandus du houblon est...comme fondant et dépuratif, contre les scrofules et les affections qui en dépendent, comme le rachitisme, les tumeurs blanches, les cachexies, etc, parce qu’il est regardé comme un bon excitant du système lymphatique ».
« Les maladies de peau, les dartres surtout, le catarrhe chronique, la goutte, la jaunisse, etc, ont aussi été traitées par le houblon. On l’a encore donné comme sudorifique ».
« La lupuline qui est plus amère encore que la poussière jaune... jouit d’une vertu sédative positive, entrevue jadis, mais qui n’a été démontrée évidemment que depuis quelques années, surtout par le Dr YVES, qui assure qu’on l’emploie en Amérique comme narcotique...Elle a les propriétés de l’opium sans en avoir les inconvénients, surtout elle ne produit pas de congestion cérébrale ... ».
Il cite un pharmacien d’Edimbourg d’après lequel la teinture alcoolique « procure de grands soulagements dans la goutte, où d’autres médicaments n’avaient pas réussi », et aussi « il a vu une pommade faite par l’infusion des cônes de cette plante dans la graisse, calmer les douleurs lancinantes du cancer ».
Il en signale encore une propriété, celle de dissoudre certains calculs :
« RAY prétend que depuis l’emploi de la bière en Angleterre, les maladies calculeuses y sont bien diminuées ; LOBB appuyait cette propriété sur l’expérience spécieuse de calculs fondus par la seule action de cette boisson dans laquelle on les avait placés ».

CAZIN, un phytothérapeute du Nord de la France au XIX° siècle, signale que le houblon faisait partie des plantes embarquées sur les bateaux pour prévenir le scorbut. Il le prescrivait dans « les affections lymphatiques et scrofuleuses, le dépérissement et la détérioration constitutionnelle résultant de l’état de pauvreté de la plupart des manouvriers de la campagne ».
« Ce précieux médicament est souvent employé dans la médecine rurale. C’est un excellent tonique fébrifuge contre les fièvres automnales ».
Il le reconnaît comme « diurétique et diaphorétique ».
Quant au lupulin (la poudre jaune de houblon), « il passe pour être à la fois aromatique, tonique et narcotique », toutefois sans provoquer de constipation. Il exerce une action sédative spécifique sur la sphère sexuelle masculine, suspend les érections en une quinzaine de jours et l’éréthisme génital, délivre de l’onanisme...
Il cite aussi cette observation clinique du ralentissement du pouls de 6 à 8 pulsations.

Henri LECLERC au début du XX° siècle reconnaît ses effets : tonique, apéritif, et régulateur gastrique (en stimulant les sécrétions gastriques, tout en freinant l’hyperexcitabilité réflexe de l’estomac). « Il faut ajouter la vertu hypnotique et sédative qu’exerce spécialement le lupulin sur l’appareil génital. Debout, Durand-Fardet et Privat ont publié des observations qui prouvent les services qu’il peut rendre comme anaphrodisiaque dans le priapisme douloureux de la blennorragie, dans l’onanisme et dans la spermatorrhée. Le Pr L. Rénon l’a employé avantageusement comme équilibrant du système nerveux dans l’angoisse de guerre ».

les cônes du Houblon femelle

2) Composition & Pharmacologie

Les cônes femelles du Houblon sont d’une grande richesse biochimique : plus d’une centaine de substances y ont été isolées.

Il existe une petite quantité d’Huile Essentielle (HE) entre 0,3% et 1%,
contenant :
 des monoterpènes : comme le Myrcène
 des sesquiterpènes :
. le β-Caryophyllène,
. et l’ α-Caryophyllène ou Humulène
tous 2 représentant 57% à 82% de l’HE (ERI, 2000)

La Lupuline, qui est une oléorésine secrétée par les glandes jaunes en périphérie des bractées des cônes, est considérée comme la fraction pharmacologique la plus puissante de la plante. Elle contient des flavonoïdes parmi lesquels des « Chalcones » et leurs dérivés (plus d’une trentaine), certains prénylés, d’autres géranylés (géranylnaringénines...).
Parmi les Flavonoïdes prénylés  :
 le plus abondant est le Xanthohumol (un chalcone) (ZANOLI, 2008) (LIU, 2015)
 aussi le Xanthogalénol
 et la 8-prénylnaringénine (8-PN), appelée Hopéine (par le Pr DE KEUHELEIRE) : la substance le plus « phyto-estrogène » du Houblon.
Ses propriétés hormonales avaient été suspectées, jusqu’à l’isolement de cette molécule de « 8PN » (MILLIGAN, 1999), et les travaux qui montrèrent une action hormonale similaire au 17-β-estradiol sur les récepteurs oestrogéniques (toutefois 70 fois plus faible que celui exerçant son activité physiologique chez la femme).

L’amertume de la Lupuline secrétée par les cônes est due à des « Acides amers », représentant 5% à 20% des substances, étudiés par les brasseries pour connaître la composition exacte de leurs bières (DE KEUKELEIRE, 2003) ; parmi eux, il y a des dérivés prénylés du Phloroglucinol : des α et β -acides.
Les principaux α-acides sont :
. l’Humulone 35% - 70% des α-acides
. la Cohumulone 20% - 65%
. la Adhumulone 10% - 15%
tous ne sont pas amers, mais ils ont des propriétés moussantes et antibactériennes ; on les retrouve dans la bière à des concentrations supérieures à 4 mg/ml (soit > 4g/L). Avec les procédés de fabrication, survient une isomérisation de ces acides, et l’apparition d’iso-α-acides qui ont le triple avantage d’être moussants, antibactériens, et agents d’amertume. Ils constituent à ce stade plus de 80% des composants chimiques de la bière.

Le principal β-acide est la Lupulone, qui a aussi des propriétés antiseptiques.

Propriétés pharmacologiques du Houblon  :
les chercheurs ont voulu préciser à quelles substances telle propriété pouvait être imputée.
 le Houblon est antioxydant et antimicrobien

 l’effet hormonal œstrogène-like est bien supporté par la 8-prénylnaringénine (8-PN), ce qui en fait le principal phyto-estrogène du Houblon (STEVENS, 2004).
Des recherches sur l’utilisation de phyto-estogènes naturels dans le traitement post-ménopausique ont été menées à partir de plusieurs sources végétales : avec du Soja (Glycine max) ; avec du Trèfle rouge (Trifolium pratense)... Pour la petite histoire, il faut noter l’étonnement des chercheurs qui avaient découvert chez les légumineuses, en particulier dans le haricot (Phaseolus vulgaris), la biosynthèse naturelle du 17- β -estradiol qui est le principal oestrogène féminin ! (YOUNG, 1978).
Le Houblon a donc été testé comme complément alimentaire pour remédier aux troubles post-ménopausiques (CHADWICK, 2006).
Parmi les rares études cliniques, citons celles réalisées :
. en Belgique chez 67 femmes ménopausées, avec 100 ou 250 microgrammes de 8-PN sur 12 semaines : des effets favorables furent notés à partir de la 6° semaine sur la réduction des bouffées de chaleur (HEYERICK, 2006).
. et en Finlande chez 36 femmes ménopausées, avec un extrait de houblon titré à 100 microgrammes de 8-PN pendant 16 semaines (8 semaines traitées) ; avec un léger bénéfice sur les bouffées vasomotrices, indiquant le recours possible au Houblon pour atténuer les symptômes gênants de la ménopause, surtout sur les bouffées nocturnes, lorsqu’elles ne sont pas trop importantes (ERRKOLA, 2010).
Avec le recul, les résultats ne sont pas mirobolants ! (KELLER, 2013).

Le Houblon, étant oestrogénique, est par là-même un antiandrogène.

 Les Chalcones (Xanthohumol et Desméthylxanthohumol), et les flavones (Isoxanthohumol, 8-Prénylnaringénine, et 6-Prénylnaringénine) présentent tous une action antiproliférative, in vitro, sur des cellules cancéreuses prostatiques (DELMULLE, 2006).
Et parmi ces « chalcones prénylés », le Xanthohumol est celui qui porte le plus d’espoir d’action chémopréventive contre divers cancers (ZANOLI, 2008).
Le Xanthohumol et son dérivé isomérique l’Isoxanthohumol inhibent, in vitro, la croissance des cellules cancéreuses du sein et des ovaires ; laissant présager un effet chémopréventif potentiel humain (MIRANDA, 1999).
Ce même Xanthohumol inhibe aussi la croissance des cellules carcinomateuses hépatiques, mieux que d’autres flavonoïdes comme la Silibinine du Chardon Marie ou la Naringine des Citrus (Citron et Pamplemousse) (HO, 2008).
Enfin, l’Humulone possède une action anti-angiogénèse (limitante de la prolifération des tumeurs).

 Un extrait de Houblon expérimenté sur l’animal (souris) à la posologie de 25mg à 100mg/kg a montré un effet antinociceptif (antidouleur) à dose-dépendante, par action sur les récepteurs opioïdes. Cet effet est antagonisé par la Naloxone (un antagoniste opioïde) (PARK, 2012).

 le Houblon possède une activité hypnotique douce ; il a été traditionnellement utilisé contre les troubles du sommeil. Une étude clinique sur des infirmières ayant des rotations de leurs horaires de travail, a conclu en une réduction du temps de latence de l’endormissement, et une atténuation de l’état anxieux (FRANCO, 2012).
Par ailleurs, plusieurs études cliniques dans lesquelles étaient associés Valériane et Houblon ont montré une amélioration du sommeil (DIMPFEL, 2008) (ROSS, 2009)... avec un raccourcissement du temps de latence à l’endormissement. Les résultats étaient supérieurs avec l’association Valériane + Houblon qu’avec la Valériane seule (KOETTER, 2007).
Dans une revue des études cliniques menées de 1950 à 2009 sur le traitement de l’insomnie avec Valériane et Houblon, sur les 16 études retenues, 12 ont démontré une efficacité soit de la Valériane seule, soit de son association au Houblon (SALTER, 2010).
Un des modes d’actions proposés est que la Valériane et le Houblon se potentialisent mutuellement au niveau cérébral pour induire le sommeil, en se fixant sur les récepteurs à l’Adénosine ; or, ceux-ci sont les mêmes sur lesquels se fixent la caféine. Dans une expérimentation sur l’homme contrôlée sous EEG (électro-encéphalogramme), l’association Valériane-Houblon antagonisait l’action psychostimulante de la caféine en 60 minutes (SCHELLENBERG, 2004). Le rythme circadien sommeil/éveil réglé par notre « horloge interne » passerait par l’activation et l’inhibition de ces récepteurs à l’Adénosine, ceux–ci interagissant avec la sécrétion endogène de mélatonine, appelée « l’hormone du sommeil ». L’hypothèse des chercheurs est que le Houblon favoriserait cette régulation mélatonine-dépendante (BRATTSTRÖM, 2007).

Le Houblon exerce son effet sédatif et narcotique au niveau cérébral en relevant le taux du GABA, un neurotransmetteur inhibiteur des fonctions d’éveil (AOSHIMA, 2006). Le rôle des acides-amers, celui du Myrcène aussi, ... ont été évoqués. Pour les cônes de Houblon, les recherches continuent pour identifier avec certitude les substances responsables de leur action hypnotique. Quant à la bière, dont les composants subissent beaucoup de transformations biochimiques, cette action pharmacologique semble être assurée par les dérivés oxydés des α-acides amers (SCHILLER, 2006), et plus spécifiquement par le 2-méthyl-3-buten-2-ol (FRANCO, 2012). Ce dernier, appelé en abrégé « Méthylbuténol  » est un dérivé issu de la dégradation de l’Humulone ; il se forme dans les cônes après un certain temps de conservation, et dans la bière ; il serait le principal composant neurosédatif.

 Le Xanthohumol, principal flavonoïde prénylé du Houblon, est un anti-inflammatoire, et un hépatoprotecteur ; il protège (in vivo chez l’animal intoxiqué au Tétrachlorure de carbone) de la nécrose des hépatocytes, et prévient la fibrose (DOM, 2012). Il protège l’activation des cellules stellaires du foie, ce qui pourrait jouer un rôle bénéfique préventif de la stéatose hépatique non-alcoolique du syndrome métabolique (WEISKIRCHEN, 2015). 

 Les iso-α-acides et le Xanthohumol du Houblon possèdent aussi une action antivirale sur le Cytomégalovirus, les Rhinovirus, et les Herpès-virus (BUCKWOLD, 2004).

En outre, le xanthohumol inhibe le HIV1 (virus de l’immunodéficience humaine, responsable du Sida), son antigène P24 et l’enzyme transcriptase inverse dans les lymphocytes (WANG, 2004).

 Le Myrcène est sédatif, antalgique et anti-inflammatoire, et anti-ulcéreux gastrique.
 et le β-Caryophyllène est anti-inflammatoire et antispasmodique, antalgique, antitumoral, antiviral, et anxiolytique (Wikiphyto).

et Hop !

3) INDICATIONS THERAPEUTIQUES du HOUBLON 

=> La première grande indication est sa propriété sédative-hypnotique : le Houblon est bon remède « calmant » qui facilite l’endormissement et le maintien du sommeil. Il faut l’utiliser à juste posologie, car à trop fortes doses, l’effet narcotique engendre un « engourdissement de l’esprit ». La bière, aromatisée au Houblon, possède le même effet bénéfique sur le sommeil, y compris la bière sans alcool.
Comme l’ont montré les études pharmacologiques et cliniques (cf.), le Houblon potentialise l’action sédative de la Valériane. Ainsi l’association de 40mg de Houblon + 60mg de Valériane équivaudrait à 400mg de Valériane seule (GOETZ, 2007).
Aucun effet secondaire (par ex. de type opioïde) n’a été observé.

Le Houblon est un calmant de l’hyperexcitabilité sexuelle masculine, il calme les érections excessives, l’onanisme...
Enfin, le Houblon antagonise l’effet psychostimulant du café, et de la caféine.

=> La 2° grande indication du Houblon est son action « oestrogène-like » : c’est un phyto-oestrogène qui supplée de façon douce à la carence oestrogénique qui survient chez les femmes au moment de la préménopause et surtout à la ménopause installée.
Le Houblon atténue les bouffées vaso-motrices, dites « bouffées-de-chaleur », qui débutent généralement en préménopause et s’accentuent en ménopause confirmée, souvent accentuées la nuit, associées à des réveils nocturnes pénibles. Le Houblon peut améliorer les troubles du sommeil liés à ces bouffées, et l’irritabilité nerveuse propre au climatère.
Cette indication rejoint ici celle de la SAUGE.

=> Le Houblon pourrait avoir une action préventive du cancer du sein (soit par compétition sur les récepteurs mammaires avec les oestrogènes encore sécrétés par la femme, soit par action antitumorale). Cette indication mériterait d’être confirmée par des études cliniques.
De même, l’effet préventif voire freinateur du Houblon dans le cancer de la prostate devra être confirmé.

=> Les cônes de Houblon peuvent être également prescrits comme tonique dans les états d’asthénie, comme « tonique amer » pour relancer l’appétit, et dans les troubles digestifs gastriques.

=> Il a été recommandé dans la goutte ; et par ses propriétés antalgiques et anti-inflammatoires de plusieurs de ses composants, mérite d’être essayé dans les douleurs articulaires rhumatismales.

=> Il est aussi prescrit comme bradycardisant, pour ralentir le coeur dans les tachycardies.

le Houblon est une liane

USAGE CULINAIRE 

Le plus grand usage qui soit fait du Houblon, et la raison pour laquelle on le cultive de l’Alsace à l’Europe centrale, en Belgique et en Allemagne, en Amérique du Nord...tient à son emploi indispensable pour la fabrication de la bière  !
Pour faire une bonne bière, il faut quatre ingrédients :
1/ des céréales dont l’amidon sera fermentescible pour se transformer en sucres qui donneront de l’alcool ; la céréale de base est l’orge, qu’on va faire germer, puis torréfier ; les grains d’orge sont ainsi plus ou moins « caramélisés » selon que l’on désire faire de la « blonde », de la « rousse », ou de la « brune ». Ainsi est obtenu un « malt d’orge ».
2/ de l’eau pure
3/ des levures pour assurer la fermentation (la levure la plus utilisée est Saccharomyces cerevisae)
4/ et...le fameux houblon (« Hop » en anglais).
L’ajout des cônes de houblons au moût s’appelle le « houblonnage ».
Celui-ci amène avec lui trois qualités :
. un effet antiseptique qui permet la conservation sans contamination bactérienne
. un effet « moussant » grâce auquel la bière acquiert une mousse agréable
. et une amertume dont il faut équilibrer la légèreté ou l’intensité, en relation à un arôme fourni par le malt d’orge, auquel on a pu rajouter quelques ingrédients : des épices comme le coriandre ou la réglisse, du gingembre ou de la cannelle...
Chaque brasseur a ses secrets de fabrication.
La fermentation du malt peut se faire en fermentation « haute » (entre 15° et 22°) ce qui est le procédé de fabrication des bières « ale » ; ou en fermentation « basse » (entre 5° et 14°) ce qui est le procédé pour les bières « lager ».
L’essentiel de la fermentation se fait en 4 à 8 jours, la fin se poursuivra doucement en cuves à basse température. Puis la bière est soutirée, filtrée, embouteillée ou transportée en fûts.
Il existe un mode de fermentation plus rare, en Belgique, dite « fermentation spontanée », sans ajout de levures, dont le moût est mis en fûts de chêne, et fournit les « lambics ».
Pour se conserver sans oxydation, la bière doit être à l’abri de l’oxygène et de la lumière.

Note : la concentration du Houblon dans la bière étant approximativement de 0,3%, 2 bouteilles de 33cl (soit 66cl) sont nécessaires pour un apport de 2 g de Houblon (FRANCO, 2012).

RECOLTE

On récolte les cônes à maturité fin Août - début Septembre, quand ils sont « poisseux ». Le séchage doit être rapide ; spontanément il dure au moins deux mois ; on l’accélère par chauffage à 50°.
La poudre de lupulin est aussi récoltée par tamisage des cônes, et se conserve dans des bocaux avec le minimum d’air pour limiter l’oxydation, à l’abri de la lumière.
La lupuline contenue dans la résine s’altérant assez rapidement, il est
conseillé de ne pas conserver les cônes séchés au-delà de quelques mois.

EMPLOI MEDICINAL et POSOLOGIE

 en INFUSION : de cônes séchés : 15 g/Litre (LECLERC), de 15 à 60 g/Litre (CAZIN), 10 g / 500ml soit un demi-litre (Doctissimo) ; en pratique la posologie retenue va de 1 cuillère-à-café par tasse de 150 ml (VOLAK) à 1 cuillère-à-soupe par tasse (STARY).
Si l’on dispose des glandes jaunes de la plante tamisée (le lupulin) : infuser seulement 1 gramme (soit environ 1/2 cuillère-à-café de lupulin)
 Poudre de LUPULIN, à ingérer : 1 à 2 g / jour
 en TEINTURE MERE : HUMULUS LUPULUS TM : 30 à 50 gouttes x 2 fois par jour comme tonique amer apéritif ; en cures prolongées pour un apport doux de phyto-oestrogène dès la préménopause ; ou dans les indications prostatique, goutteuse ou rhumatismale du remède.
 GELULES (de 150mg à 200mg de poudre de houblon) 3 à 6 /jour ; ou plutôt en prise vespérale, dans l’indication des troubles du sommeil ou des bouffées-de-chaleur nocturnes : 3 à 4 gélules le soir en monoprise (à prendre 1 heure avant le coucher).
 en HUILE ESSENTIELLE (HE) : 1 goutte matin et soir (à incorporer dans une cuillère-à-café d’huile d’olive, ou de miel, ou de fromage blanc) dans les indications : ménopausique, sédative et antispasmodique.
 ou tout simplement : une BIÈRE sans alcool le soir avant le coucher
(bien évidemment, on ne peut pas recommander l’usage régulier de la bière alcoolisée comme moyen thérapeutique ! car cette habitude mène à l’alcoolisme, fournirait un apport excessif de sucres favorisant le prédiabète et une prise de poids).

Contrindications - Précautions :
La prise de Houblon n’est pas recommandée en même temps que des médicaments psychotropes exerçant déjà une action sédative sur le système nerveux central : neuroleptiques, anti-épileptiques, hypnotiques, anxiolytiques, antidépresseurs, antihistaminiques H1. L’association n’est pas spécifiquement interdite, mais en cas d’association voulue, il faudra tenir compte d’une potentialisation possible des effets sédatifs, amenant à régler les posologies.
Par précaution également : stopper le Houblon une semaine avant une anesthésie générale.
Enfin le Houblon n’est pas recommandé chez la femme enceinte et chez les personnes dépressives.

PHARMACOPEE FRANÇAISE

Liste A (ansm Janvier 2019)

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 

1) Bibliographie générale 

Henri LECLERC « Précis de Phytothérapie » p. 154-155
Paul-Victor FOURNIER « Dictionnaire des Plantes médicinales et vénéneuses de France » 1947, ré-éd ; 2010 p. 507-512
Jan VOLAK – Jiri STODOLA « Plantes médicinales » 1983, p. 175
Frantisek STARY « Plantes médicinales » 1992, p. 118-119
Dagmar LANSKA « Plantes sauvages comestibles » 1992, p. 112-113

2) Ouvrages anciens

Pierandrea MATTHIOLI, trad. fr. Jean DES MOULINS « Commentaires de M. Pierre André MATTHIOLE médecin senois sur les six livres de Pédace Dioscoride Anazarbéen, de la matière médicale » Lyon, 1572, chap CXL p. 638 et 1579, chap CXL, p. 660

Nicolas LEMERY « Dictionnaire universel des Drogues Simples » 1760, p. 448-449

François-Victor MERAT de VAUMARTOISE, Adrien-Jacques DE LENS « Dictionnaire universel de Matière Médicale et de Thérapeutique Générale » Paris, 1831, Vol 3, p. 550-553

3) Articles scientifiques

(classés en ordre chronologique, des plus anciens aux plus récents)
En langue anglaise, le Houblon est appelé "HOPS"

YOUNG IJ, HILLMAN JR, KNIGHTS BA « Endogenous Estradiol-17 β in Phaseolus vulgaris » Zeitschrift für Pflanzenphysiologie 1978 ; 90 :45-50

MIRANDA CL, STEVENS JF, HELMRICH A, HENDERSON MC, RODRIGUEZ RJ, YANG YH, DEINZER ML, BARNES DW, BUHLER DR « Antiproliferative and cytotoxic effects of prenylated flavonoids from hops (Humulus lupulus) in human cancer cell lines » Food and Chemical Toxicol. 1999 Apr ; 37(4): : 271-85 (Oregon state University, Corvallis, USA)

DE KEUKELEIRE J, OOMS G, HEYERICK A, ROLDAN-RUIZ I, VAN BOCKSTAELE E, DE KEUKELEIRE D « Formation and accumulation of alpha-acids, beta-acids, desmethylxanthohumol, and xanthohumol during flowering of hops (humulus lupulus L.) » J. Agric. Food Chem. 2003 Jul ; 51(15) : 4436-41 (Agricultural Research Centre, Melle, Belgium)

BUCKWOLD VE, WILSON RJ, NALCA A, BEER BB, VOSS TG, TURPIN JA, BUCKHELT RW, WEI J, WENZEL-MATHERS M, WALTON EM, SMITH RJ, PALLANSCH M, WARD P, WELLS J, CHUVALA L, SLOANE S, PAULMAN R, RUSSELL J, HARTMAN T, PTAK R « Antiviral activity of hop constituents against a series of DNA and RNA viruses » Antiviral Res. 2004 Janv ; 61(1) : 57-62 (Southern Resarch Institute, Frederick, USA)

STEVENS JF, PAGE JE « Xanthohumol and related prenyflavonoids from hops and beer : to your good health » Phytochemistry 2004 May ; 65(10) : 1317-30 (Oregon University, USA)

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WEBOGRAPHIE

http://www.wikiphyto.org/wiki/Houblon
http://www.wikiphyto.org/wiki/Hopéine
http://www.wikiphyto.org/wiki/Humulone
http://www.wikiphyto.org/wiki/Xanthohumol
http://www.doctissimo.fr/html/sante/phytotherapie/plante-medicinale/houblon.htm
http://www.guide-phytosante.org/calmant-sedatif/houblon/
http://www.guide-phytosante.org/calmant-sedatif/houblon/houblon-description-plante.html
http://www.guide-phytosante.org/calmant-sedatif/houblon/houblon-posologie.html
http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/HerbierMedicinal/Plante.aspx?doc=houblon_hm
http://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=houblon_ps
https://booksofdante.wordpress.com/tag/houblon-toxicite/
http://www.toildepices.com/wiki/index.php?title=Houblon
http://univers-biere.net/brasserie.php

Par Dr Dom COQUERET

Le jeudi 16 novembre 2017

Mis à jour le 25 mars 2022