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FRAGON PETIT-HOUX

FRAGON PETIT-HOUX

Ruscus aculeatus L.

Article révisé en Août 2019

Assise (Italie)
Eremo delle Carceri

Noms vernaculaires

Fragon épineux, Fragon piquant, Petit Houx, Myrte épineux, Fragonnette, Houx-Frelon...

BOTANIQUE

Famille des Liliacées (selon la classification de Cronquist)
ou des Asparagacées (selon la classification phylogénétique APG III)

Sous-arbrisseau toujours vert formant des buissons de 70 à 80 cm (inférieur au mètre), ayant un rhizome porteur de multiples racines.
Ses tiges ligneuses, très ramifiées, s’aplatissent en « cladodes » qui sont de fausses feuilles lancéolées de 2-3 cm de longueur, terminées par un piquant ; alors que les vraies feuilles sont réduites à de petites écailles. Ces cladodes sont alternes, sessiles, de couleur vert-foncé, et coriaces. Les rameaux portent de petites fleurs verdâtres à 6 pétales (3 grands et 3 plus petits) qui émergent au tiers inférieur des cladodes. La plante étant dioïque, certaines fleurs portent les étamines, tandis que d’autres portent le pistil. Les fruits sont des baies rouges visibles au centre des cladodes, rondes et luisantes ; ils mûrissent en hiver, et leur pulpe héberge des graines jaunes (1 à 2 semences, parfois 3, dures comme de la corne).

Trois espèces sont médicinales :
 Ruscus aculeatus
 Ruscus hypophyllum (en Europe méridionale et orientale ; en France, dans le Var ; et en Bythinie (Turquie)
 Ruscus hypoglossum (en Europe méridionale ; rare en France, seulement dans le Mercantour), dont les cladodes sont plus longs en forme de « langue de cheval ».

Une autre espèce Ruscus hyrcanus Woron poussant dans le Caucase et en Iran est également médicinale.

HABITAT

L’aire de répartition du Fragon épineux est méditerranéenne et Atlantique jusqu’en Grande Bretagne, en Bourgogne sur substrats acides, en Europe centrale, dans le Nord de l’Afrique, et jusqu’en Iran et l’Asie occidentale.
Il pousse sur des sols calcaires pauvres.
(on ne le trouve pas dans le Nord-Est, car il craint le gel).

EMPLOI MÉDICINAL

1) Historique et usages traditionnels

Dans l’Antiquité, les grecs appelaient la plante « Oxymyrsine » et « Myrtacantha », ce qui signifie « Myrte piquante » à cause de la ressemblance de ses feuilles avec celles avec du Myrte (comme nous le rapporte MATTHIOLI à la Renaissance italienne, repris par l’encyclopédiste DE MEUVE en 1689).
DIOSCORIDE, botaniste grec d’Asie Mineure au 1° siècle de notre ère, employait des macérations vineuses de feuilles et de baies, ainsi que des décoctions de racines, comme diurétique.
Puis, les romains l’appelèrent « Ruscus », comme PLINE L’ANCIEN, naturaliste romain du 1° siècle, qui lui donnait aussi le nom de « Myrte sauvage ».

Les médecins arabes du Moyen-Age l’employaient selon les mêmes indications que la médecine gréco-romaine. C’est ici qu’il faut évoquer le « Sirop des cinq racines » qui deviendra célèbre et très usité sous le nom de« Sirop des cinq racines apéritives », que l’apothicaire Pierre-Jean-Baptiste CHOMEL attribue à MESUE. Celui-ci, appelé en occident Jean MESUE, fut un médecin arabe nestorien du IX° siècle à Bagdad, qui s’appelait Yuhanna Ibn MASAWAIH. Très réputé, il légua à la postérité maintes formules thérapeutiques de sirops, robs, électuaires...

L’italien MATTHIOLI, botaniste et médecin à Sienne au XVI° siècle, et commentateur de la Matière Médicale de DIOSCORIDE, rapporte que « Les feuilles avec le fruit, bues en vin, font uriner, font sortir les menstrues, rompent la pierre de la vessie, guérissent la difficulté d’urine quand on ne peut pisser que goutte à goutte, guérissent la douleur de tête et la jaunisse. Il croît en lieux âpres et difficiles d’accès. La décoction de sa racine faite en vin produit les mêmes effets. »

Nicolas LEMERY, qui fut apothicaire et chimiste à Paris à l’époque de Louis XIV, résume dans son « Traité Universel des Drogues Simples » l’emploi qui était toujours fait du Petit Houx à son époque : « On se sert dans la médecine des baies de Petit Houx, et de sa racine...Elles sont fort apéritives, propres pour la pierre des reins et de la vessie, pour la colique néphrétique, pour exciter l’urine ». Il nous donne la composition et le mode de confection du fameux « Sirop des cinq racines » dans sa Pharmacopée Universelle : préparé avec les racines mondées fraiches (ou parfois séchées) d’Ache des marais, de Persil, de Fenouil, d’Asperge, et de Petit-Houx. « Il est estimé bon pour lever les obstructions du foie, de la rate, du mésentère, il excite l’urine ; on le donne aux hydropiques, à ceux qui sont travaillés de la gravelle, et dans toutes les autres maladies causées par les oppilations. » (Note : une « oppilation » est l’obstruction d’une humeur dans un organe ou un conduit).

Au XIX° siècle, MERAT de VAUMARTOISE et DE LENS écrivent dans leur Dictionnaire Universel de Matière médicale : « On emploie surtout sa racine, qui est placée parmi les apéritives mineures, et qui entre dans la formule du sirop des cinq racines, et on la prescrit quelquefois en tisane contre l’hydropisie, la rareté des urines, les maladies des voies urinaires. »

Francois-Joseph CAZIN, au XIX° siècle, fut médecin dans le Nord de la France, et phytothérapeute. Il écrit dans son « Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes » : « La racine de petit-houx, d’une saveur âcre, un peu amère, est diurétique. Elle est au nombre de celles dites apéritives mineures. On l’emploie en décoction dans les hydropisies, la gravelle, les engorgements viscéraux atoniques, l’ictère, etc. Les baies, dont la saveur est douceâtre, jouissent dit-on, des mêmes propriétés, bien qu’elles ne soient pas usitées. Les jeunes pousses, qu’on mange quelquefois comme celles d’asperges, sont aussi diurétiques. On donne la racine de fragon en décoction 30 à 60 gr pour 1 kilogr. d’eau ».

Quant au chanoine Paul-Victor FOURNIER, ecclésiastique et botaniste érudit, il résume en 1947 dans son « Dictionnaire des Plantes médicinales et vénéneuses de France » l’emploi du rhizome de la plante. « Le Fragon s’administre avec succès dans l’hydropisie, l’ascite, les affections des voies urinaires, la gravelle, la jaunisse, la goutte, les états scrofuleux, la chlorose et les engorgements viscéraux. Les feuilles donnent une tisane fébrifuge qui réussit parfois là où a échoué la quinine. »

Henri LECLERC, qui fut médecin des armées pendant la guerre 14-18, le classe dans les diurétiques. Il cite les témoignages d’anciens médecins célèbres du XVII° s. (Jean BAUHIN, botaniste à Bâle, et Lazare RIVIERE médecin à la Faculté de Montpellier) qui guérirent des cas historiques d’hydropisie (oedèmes importants).
En outre, il cite en 1953 les travaux très récents du Pr CAUJOLLE et de ses collègues qui venaient de découvrir en 1952 les propriétés veinotoniques du rhizome de Fragon, avec des résultats remarquables dans le traitement des hémorroïdes.

Fragon en forêt de Fontainebleau
RECLOSES (Seine-et-Marne, 77)

2) Composition & Pharmacologie

Parmi les différentes parties de la plante, c’est dans le rhizome et les racines qu’ont été trouvées les plus importantes substances thérapeutiques, aux taux les plus importants, à savoir des Saponines stéroïdales (ou « sapogénines ») ; celles-ci résultent d’un couplage entre une génine de structure stéroïde et des oses (ou « sucres »). 17 ont été identifiées ; elles forment 2 catégories structurales : certaines sont des furostanol saponines pentacycliques, et d’autres des spirostanol saponines hexacycliques (MIMAKI, 1998).
Les 2 principales sont la Ruscogénine et la Néoruscogénine ;
les autres étant des aculéosides A et B.
Ces Saponines sont vasoconstrictrices : elles provoquent la contraction des muscles lisses des parois veineuses ; aussi ont-elles été qualifiées de « phlébotoniques », car elles restaurent le tonus veineux.

Les concentrations de Ruscogénine chez Ruscus hypoglossum sont :
0,14% pour les parties souterraines, et 0,10% pour les parties aériennes ;
et chez Ruscus aculeatus :
0,12% pour les parties souterraines, et 0,08% pour les parties aériennes (rhizome et racines possèdent donc une teneur en saponines de 50% plus élevée que dans les feuilles) ;
et le titrage de l’extrait donne 1,6% de Ruscogénine (NIKOLOV, 1976).

Sur des échantillons de plusieurs variétés du genre Ruscus récoltées en Turquie, les plus hautes concentrations en Ruscogénine étaient dans :
. Rhizomes de Ruscus hypoglossum 1,42%
. Rhizomes de Ruscus colchicus 1,40%
. Rhizomes de Ruscus hypophyllum 1,08%
. Parties aériennes de Ruscus aculeatus var. aculeatus 1,48%
. Parties aériennes de Ruscus aculeatus var. angustifolius 1,36%
avec les taux les plus hauts, pour les Ruscus aculeatus, paradoxalement plus faibles dans les rhizomes que dans les parties aériennes :
. Rhizomes de Ruscus aculeatus var. aculeatus 0,90%
. Rhizomes de Ruscus aculeatus var. angustifolius 0,46% (GÜVENC, 2007).

Une autre étude sur des échantillons de Fragons récoltées dans différentes régions de Turquie longeant la Mer de Marmara retrouve des concentrations en Ruscogénine variables selon les biotopes différents, les taux les plus élevés échelonnés entre 0,505% et 1,497% (OZER, 2018).

Les autres composants retrouvés sont : (ELSOHLY, 1975)(DUNOUAU, 1996)(EMA, 2008)(DE MARINO, 2012)...
 des stérols : campesterol, stigmasterol, sitosterol
 des triterpènes
 des flavonoïdes
 des coumarines
 de la spartéine
 une huile essentielle (en très petite quantité)
 de la tyramine
 de l’acide glycolique
 de l’acide chrysophanique
 des Benzofuranes, dont l’Euparone (EL SOHLY, 1974). Le Benzofurane résulte de l’accolement d’une molécule de benzène et d’une molécule de furane ; on en trouve aussi dans la racine de l’Eupatoire chanvrine.

Les baies du Fragon ont une enveloppe riche en anthocyanines, que l’analyse précise comme étant :
. pélargonidine 3-O-rutinoside (64%)
. pélargonidiqe 3-O-glucoside (16%)
. pélargonidine 3-O-trans-p-coumarylglucoside (13%)
Ces pigments peuvent servir de colorants alimentaires (LONGO, 2005).

Les premières études pharmacologiques menées sur l’animal furent celles de MARCELON (en 1983 et 1984) sur les veines saphènes de chien, mettant en évidence un effet vasoconstricteur comparable à l’action de l’Epinéphrine. Il fut par la suite démontré que l’action se faisait par effet direct sur les récepteurs alpha-adrénergiques des fibres musculaires lisses (RUBANYI, 1984).
Ces découvertes furent confirmées sur des veines saphènes de lapins et in vitro sur des veines humaines (obtenues par chirurgie veineuse de crossectomie) ; puis in vivo chez le cobaye.
Par la suite, l’action vasoconstrictrice des saponines du Fragon fut démontrée agir aussi sur les lymphatiques (in vivo chez l’animal perfusé, sur son canal thoracique) (McHALE, 1991).

Une action positive s’exerce aussi sur la pression oncotique des protéines, qui maintient le plasma dans la lumière vasculaire ; avec pour conséquence une résorption des oedèmes veino-lymphatiques.
Des progrès quant à la compréhension physiopathologique de la maladie veineuse ont mis en évidence l’importance de phénomènes inflammatoires au niveau des parois veineuses. Le Ruscus aculeatus agit sur les veines, les capillaires, et sur les lymphatiques, en y exerçant un effet anti-inflammatoire (JAWIEN, 2017).

Parmi les études cliniques, il faut distinguer :
— celles réalisées avec extrait de Ruscus seul :
une seule étude semble avoir été conduite, en Allemagne : multicentrique, randomisée, en double aveugle, versus placebo ; sur 166 femmes souffrant d’insuffisance veineuse des membres inférieurs depuis une durée médiane de 14 à 15 ans ; 148 cas documentés furent retenus, entre 30 et 89 ans. Après 12 semaines d’administration d’extrait de rhizome de Ruscus aculeatus, l’évaluation sur les critères de volume des jambes, de circonférence des chevilles, et des symptômes subjectifs de lourdeur, a conclu en une amélioration significative du groupe traité par rapport au groupe placebo. La tolérance fut bonne, excepté un cas d’effet secondaire attribué au produit (VANSCHEIDT, 2002).

— et celles réalisées avec des associations thérapeutiques :
 ainsi une étude clinique italienne portant sur l’association de Ruscus (16,5mg) Hespéridine (75mg) acide ascorbique(50mg) chez 40 patients (30 femmes et 10 hommes) de 28 à 74 ans, souffrant d’insuffisance veineuse chronique des membres inférieurs ; protocole en cross-over de 2 périodes de 2 mois, double-aveugle, versus placebo ; à la posologie de 2 capsules x 3 fois/j. Les résultats furent une amélioration clinique et des paramètres pléthysmographiques pendant les périodes traitées (CAPELLI, 1988).
 une étude clinique mexicaine a été menée sur 124 patients ambulatoires (dont 109 femmes), présentant une insuffisance veineuse, traités par une association thérapeutique de Ruscus 150mg/ Hespéridine méthylchalcone 150mg/ Acide ascorbique 100mg par capsule, à la posologie de 2 capsules /j. pendant 8 semaines. L’évaluation était clinique et capillaroscopique. Après 2 semaines de traitement, l’amélioration fonctionnelle sur les signes cliniques était déjà très significative :
. sur la douleur 79% à 20%
. sur la lourdeur 85% à 12%
. sur les crampes 74% à 8%
. sur l’oedème 82% à 14%
à la fin des 8 semaines de traitement, les patients étaient asymptomatiques.
L’étude en capillaroscopie montrait à l’issue du traitement :
. une réduction du fluide interstitiel de 98% à 20%
. un amincissement de la boucle efférente de 80% à 20%
. un lit péri-capillaire passé de 5% à 2%
. les mégacapillaires réduits de 5% à 4% (AGUILAR PERALTA, 2007).
 des méta-analyses ont été réalisées après un recul de plusieurs années de cette association synergique Ruscus/ Hespéridine méthylchalcone/ acide ascorbique commercialisée sous le nom de CYCLO 3 (R) (BOYLE, 2003)...(ALLAERT, 2016) (JAWIEN, 2017) (KAKKOS, 2017).

Un auteur s’est penché sur le problème de l’hypotension orthostatique qui accompagne parfois d’insuffisance veineuse des membres inférieurs, du fait d’une stagnation sanguine excessive dans le système veineux de la partie inférieure du corps. Or, le Ruscus aculeatus, par ses propriétés alpha-adrénergiques, réduit la stagnation sanguine dans le système veineux, et corrige l’hypotension orthostatique, sans qu’il ait été noté de réaction hypertensive (REDMAN, 2000).

Si les propriétés phlébotoniques du Fragon on été très étudiées depuis une soixantaine d’années, et mises à profit sur le plan commercial, très peu d’études ont été menées sur les indications traditionnelles du remède. Heureusement, une étude récente expérimentale in vivo chez l’animal (rat) confirme le pouvoir diurétique du Petit-Houx, ainsi qu’un effet anti-inflammatoire. Avec un extrait dosé à 0,329% de Ruscogénine et 0,8239% de Néoruscogénine, et administré à des posologies de 125, 250, et 500mg/kg, est observée une augmentation dose-dépendante et progressive de la diurèse et de l’excrétion des ions (Na, CL, K) ; qui s’accentue après la 5° heure jusqu’à la 24° heure ; versus Furosemide 10mg/kg (un diurétique de référence) qui provoque une diurèse rapide dès la 1° heure, avec un pic entre la 3° et la 5° heure, suivi d’une redescente ; si bien que la diurèse sous extrait de Ruscus se maintient en plateau à la 24° heure de façon supérieure (78,37) à celle du Furosemide (58,22). Cette diurèse modérée mais prolongée est due à une réduction de la réabsorption tubulaire de l’eau et des électrolytes.
Par ailleurs, est démontré un effet anti-inflammatoire par voie cellulaire : diminution de l’hyperleucocytose, et diminution de l’index phagocytaire (VOSTINARU, 2017).

Le Ruscus est bien toléré, et n’occasionne que de rares effets secondaires.
La survenue d’une dermite allergique sous forme d’un eczéma de contact a été décrit, bien que rare : 8 cas recensés en 1998 (EL BADIR, 1998). Il faut savoir que cet inconvénient peut toujours survenir suite à l’emploi de topiques utilisés en suppositoires, en crèmes anti-hémorroïdaires, ou lors d’application de crème ou du gel contenant des Ruscogénines sur les varicoses des jambes (LANDA, 1990)(RAMIREZ-HERNANDEZ, 2006)...

un fruit rouge de Petit-Houx
né à la base d’un cladode

3) Indications thérapeutiques du FRAGON PETIT-HOUX :

Elles résultent des propriétés vasoconstrictrices des Ruscogénines sur les fibres musculaires lisses des parois veineuses et lymphatiques, et des propriétés diurétiques et anti-inflammatoires de la plante.

=> La principale indication du FRAGON « PETIT-HOUX » est phlébotonique, dans l’insuffisance veineuse des membres inférieurs, pathologie essentiellement féminine. Cette pathologie dépend de facteurs génétiques et hormonaux ; elle est aggravée par le nombre de grossesses, la station debout prolongée, l’éventuel surpoids, les conditions climatiques (chaleur estivale...). Le Fragon fait partie de l’arsenal précieux en phytothérapie pour traiter cette insuffisance veineuse, avec l’avantage d’un effet vasoconstricteur qui réduit la stase veineuse, et prévient l’aggravation des phlébectasies (varices, dilatation du réseau veineux et lymphatique). Par voie de conséquence, il réduit la lourdeur des jambes, leur gonflement douloureux, évite les crampes d’origine veineuse.
De nombreuses études cliniques ont montré qu’il réduit aussi les oedèmes des membres inférieurs liés à l’insuffisance veineuse, en particulier l’oedème des chevilles empêchant parfois aux femmes de se chausser en période prémenstruelle ou estivale.

Le Fragon, étant anti-inflammatoire, réduit l’inflammation des parois veineuses qui fait le lit des complications de la varicose, à savoir les paraphlébites superficielles, et les phlébites profondes. Bien sûr, toute phlébite ou thrombophlébite, suspectée par la clinique et confirmée par un écho-doppler, devra être formellement prise en charge médicalement avec un traitement anticoagulant (car la thrombose peut migrer, et être responsable d’une embolie pulmonaire).
Par contre, les « veinites superficielles », encore appelées« paraphlébites superficielles » où les veines dilatées (varices ou phlébectasies) sont chaudes et douloureuses, ne se traitent pas par des anti-coagulants mais par des anti-inflammatoires, et peuvent bénéficier de l’emploi du Fragon.

=> En gynécologie : une amélioration de la rétention d’eau et de la congestion pelvienne au cours du syndrome prémenstruel a été notée.

=> L’effet diurétique du Fragon mérite qu’il soit utilisé dans les oedèmes des membres inférieurs (de préférence en association à d’autres diurétiques)

RÉCOLTE

Les rhizomes se récoltent à l’automne ; grattés, coupés en rondelles ou en copeaux, et mis à sécher dans un local aéré.
Les conserver au sec dans des bocaux à l’abri de la lumière.
On peut aussi récolter les parties aériennes, portant les cladodes (en éliminant les fruits considérés comme légèrement toxiques).

Des Petits-Houx au Cirque du Bout du Monde
GOURGAS (Hérault, 34)

EMPLOI MÉDICINAL et POSOLOGIE

 en INFUSION : surtout de rhizomes (éventuellement de feuilles). Il en existe en vrac en Herboristerie ; posologie de 20 à 30 g/litre (ou 10 g/demi-litre) porter à ébullition ; laisser infuser 15-20 minutes. indiquée par cures chez les femmes présentant une insuffisance veineuse des membres inférieurs, avec varicose et lourdeurs de jambes ; en cas de petits oedèmes des chevilles, ou de « rétention d’eau »
 en DÉCOCTION de Rhizomes 20 à 30 g/litre (soit 10 g/ demi-litre) mais possible jusqu’à 50g/litre d’après FOURNIER. Laisser bouillir pendant 10 minutes, puis laisser encore infuser pendant 15 à 20 minutes. indiquée en cas de varices douloureuses, d’oedèmes des jambes par insuffisance veineuse, de veinite superficielle, ou de poussée hémorroïdaire
 en TEINTURE-MERE de Petit-Houx : RUSCUS ACULEATUS TM 30 à 50 gouttes x 3 fois jour dans l’insuffisance veineuse des membres inférieurs : jambes lourdes, oedèmes des chevilles d’origine veineuse, varices, périphlébites superficielles... par cures prolongées surtout en période estivale, et lorsque cette insuffisance veineuse engendre une hypotension orthostatique
 en Gélules ou comprimés : il a existé un extrait de Fragon, le FRAGONAL (R) (actuellement retiré de commercialisation). Des compositions où le Ruscus (Petit-Houx) est associé à l’Hespéridine Méthylchalcone et de l’acide ascorbique (ou vitamine C) existent sous le nom commercial de CIRKAN comprimé (R) et CYCLO 3 FORT gélules (R) prescrits à la posologie de 2 à 3 par jour.
On trouve en herboristerie des Gélules de FRAGON ÉPINEUX (PETIT-HOUX) dosées à 250 mg (posologie recommandée 2 à 6 gélules/jour)
 en Crème ou Émulsion au Petit-Houx : indiqué sur les varices, les veinites superficielles, et même au niveau du visage sur les cernes

ASSOCIATIONS bénéfiques :
. On peut associer au PETIT-HOUX dans l’insuffisance veineuse de la VIGNE ROUGE, du CYPRES, ou de l’HAMAMELIS ; avec l’avantage d’en faire des cures alternées de façon prolongée.
. En cas de troubles de la microcirculation (capillarite et télangiectasies) : associer ou alterner avec l’HAMAMELIS et avec les fruits rouges comme la MYRTILLE, le CASSIS, ou les pigments du RAISIN qui vont renforcer l’endothélium vasculaire.
. En cas de poussées hémorroïdaires : associer par voie générale à l’INTRAIT de MARRON d’INDE (Aesculus Hippocastanum), ou par voie locale à la FICAIRE et au RATANHIA.

CONTRINDICATIONS :
 Par principe de précaution, le Fragon est contrindiqué chez la femme enceinte ou allaitante ; ainsi que chez l’enfant.
 en cas de réaction allergique à une application de gel sur les jambes ou de crème anti-hémorroïdaire, manifestée par un eczéma de contact : arrêter le traitement.

PHARMACOPÉE FRANÇAISE

Liste A (ansm, Janvier 2019)
Les parties utilisées en médecine sont les parties souterraines (rhizome).
Le fruit est considéré comme toxique.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1) Bibliographie générale

H. LECLERC « Précis de Phytothérapie » 46-47
Paul-Victor FOURNIER « Dictionnaire des Plantes médicinales et vénéneuses de France » 1947, ré-éd. 2010, p. 412-413
Sélection du Reader’s Digest « Secrets et Vertus des Plantes Médicinales » p. 139
L. BEZANGER-BEAUQUESNE, M. PINKAS, M. TORCK, F. TROTIN « Plantes médicinales des régions tempérées » 2° éd. 1990, p. 48-49
Gérard DEBUIGNE, François COUPLAN « Petit Larousse des Plantes Médicinales » p. 168-169
Pr J-P CHAUMONT, Dr J-M MOREL « Se soigner avec les plantes de Bourgogne » p. 182-183
Jacques FLEURENTIN « Du bon usage des plantes qui soignent » p. 226-227

2) Ouvrages anciens

Pietro Andréa MATTHIOLI « Commentaires de M. Pierre André MATTHIOLE médecin senois, sur les six livres de Pedanius Dioscoride Anazarbéen, de la Matière médicinale » Lyon, 1579, chap. CXLI, p. 660

DE MEUVE « Dictionnaire pharmaceutique ou Apparat de médecine, pharmacie et chymie » 2° éd. Paris, 1689, p. 514

Nicolas LEMERY « Traité Universel des Drogues simples » Paris, 1698, p. 664

Nicolas LEMERY « Pharmacopée Universelle » Paris, 5° éd. 1761, p. 186

Pierre-Jean-Baptiste CHOMEL « Abrégé de l’Histoire des Plantes usuelles » Paris, 1782, p. 173

François-Victor MERAT de VAUMARTOISE, Jacques DE LENS « Dictionnaire Universel de Matière Médicale et de Thérapeutique générale », Bruxelles, 1837, tome 4°, p. 109

3) Articles scientifiques

(classés en ordre chronologique, des plus anciens aux plus récents)
Note : en littérature anglaise, le Fragon se nomme « Butcher’s broom »

CAUJOLLE F, MERIEL P, STANISLAS E. « Sur les propriétés pharmacologiques de l’extrait de Ruscus aculeatus L. » Ann. Pharm. Fr. 1953 Feb ; 11(2) : 109-20

ELSOHLY MA, DOORENBOS NJ, QUIMBY MW, KNAPP JE, SLATKIN DJ, SCHIFF PL Jr. « Euparone, a new benzofuran from Ruscus aculeatus L. » J. Pharm. Sci. 1974 Oct ; 63(10) : 1623-24

ELSOHLY MA, KNAPP JE, SLATKIN KF, SCHIFF PL Jr, DOORENBOS NJ, QUIMBY MW. « Constituents of Ruscus aculeatus » Lloydia, 1975 Mar-Apr ; 38(2) : 106-08

NIKOLOV S, JONEIDI M, PANOVA D. « Quantitative determination of ruscogenin in Ruscus species by densitometric thin-layer chromatography » Pharmazie 1976 ; 31(9) : 611-12

MARCELON G, VANHOUTTE PM « Mechanism of action of Ruscus extract » Intern. Angiology, 1984 ; 3 : 74-76

RUBANYI G, MARCELON G, VANHOUTTE PM « Effect of temperature on the responsiveness of cutaneous veins to the extract of Ruscus aculeatus » General Pharmacology 1984 ; 15 : 431-34

CAPELLI R, NICORA M, DI PERRI T. « Use of extract of Ruscus aculeatus in venous disease of the lower limbs » Drugs Exp. Clin. Res. 1988 ; 14(4) : 277-83 (Institute of medical Pathology, University of Siena, Italy)

LANDA N, AGUIRRE A, GODAY J ; RATON JA, DIAZ-PEREZ JL. « Allergic contact dermatitis from a vasoconstrictor cream » Contact Dermatitis 1990 ; 22(5) : 290-91

McHALE NG « Mechanism of noradrenaline action in lymphatic vessels » in « Return circulation and norepinephrine : an update » P. VANHOUTTE Ed. 1991, p. 73-78 John Libbey Eurotext, Paris

DUNOUAU C, BELLE R, OULAD-ALI A, ANTON R, DAVID B. « Triterpènes and sterols from Ruscus aculeatus » Planta Med. 1996 Apr ; 62(2) : 189-90 (Institut Pierre Fabre, Gaillac, France)

MIMAKI Y, KURODA M, KAMEYAMA A, YOKOSUKA A, SASHIDA Y. « New steroidal constituents of the underground parts of Ruscus aculeatus and their cytostatic activity on HL-60 cells » Chem. Pharm. Bull ; (Tokyo) 1998 Feb ; 46(2) : 298-303 (Tokyo University of Pharmacy and Life Science, Japan)

EL BADIR S, EL SAYED F, RENAUD F, BAZEX J. « L’allergie de contact aux ruscogénines » Revue Fr. d’Allergologie et d’Immunologie Clinique (art. en français) 1998 Déc ; 38(1) : 37-40

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WEBOGRAPHIE

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http://www.doctissimo.fr/html/sante/phytotherapie/plante-medicinale/fragon.htm
https://www.passeportsante.net/fr/Solutions/PlantesSupplements/Fiche.aspx?doc=fragon_epineux_ps
http://www.florealpes.com/comparaison.php?compar_code_1=ruscushypophyllum&compar_code_2=ruscushypoglossum&nouveau=1&PHPSESSID=58022b3476a029e1d748ab78747cbe5b
Ruscus hypoglossum : https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-58967-synthese
https://www.altheaprovence.com/blog/fragon-petit-houx-ruscus-aculeatus/
http://floranet.pagesperso-orange.fr/med/ruscacu.htm
https://docplayer.fr/45858735-Frizon-jean-christophe-fragon-petit-houx-ruscus-aculeatus.html
http://terre.des.plantes.pagesperso-orange.fr/BH%20Public/Fragon.htm

Par Dr Dom COQUERET

Le mercredi 1er août 2018

Mis à jour le 1er septembre 2019