SOUCI
ou CALENDULA
SOUCI des JARDINS
Calendula officinalis L.
SOUCI des CHAMPS
Calendula arvensis L.
Article révisé en Octobre 2019
Noms vernaculaires :
– Souci des jardins (Calendula officinalis L.) : Grand Souci, « Calendula » qui est le nom de la plante essentiellement usité par les Phytothérapeutes et les Homéopathes
– Souci des champs (Calendula arvensis L.) : Souci sauvage, Souci des Vignes
Son nom « CALENDULA » vient du latin « calendes » qui, chez les romains, indiquait le premier jour des mois du calendrier. Or, cette plante, « de calende en calende » fleurit toute l’année.
Son nom vernaculaire « souci » n’a rien à voir avec le tracas de chaque jour ! il vient du bas-latin « sol sequia » signifiant « qui suit le soleil ». En effet, les capitules s’ouvrent le matin vers 9H quand le soleil monte dans le ciel, suivent son orbe pendant la journée, pour se clore en fin d’après-midi quand le soleil décline.
BOTANIQUE
Famille des Astéracées (ex : Composées)
Ces deux variétés de soucis sont très proches.
Plante vivace (qui peut périr par le gel, mais repousse par ses graines qui supportent le gel) ; à tige velue, ramifiée, atteignant 50-70 cm pour le « grand souci » des jardins, et seulement 20-30 cm pour le « petit souci » des champs. Les feuilles alternes et sessiles sont collantes au toucher, spatulées à la base, et lancéolées dans les parties supérieures pour le souci des jardins ; celles du souci des champs sont toutes lancéolées.
Les fleurs sont des capitules solitaires à l’extrémité des tiges, radiées, d’un diamètre de 5-7 cm pour le grand souci, seulement de 2-3 cm pour le petit ; portant en périphérie des fleurs ligulées et au centre un cœur de fleurs tubulées ; ces capitules ressemblent à des soleils (comme la fleur d’ARNICA, une autre astéracée) de couleur jaune pour le souci des champs, et jaune-orangé voire franchement orangé pour le souci des jardins.
Les fruits sont des akènes courbes, dépourvus de soies, de formes variables sur le même capitule, selon les fleurs centrales, médianes, ou périphériques (hétérocarpie) : crochus ou ailés, portant des aspérités sur leur convexité.
La plante froissée dégage une odeur faiblement aromatique, peu agréable.
Sa saveur, douceâtre, devient vite amère.
Les principales espèces du genre « Calendula » sont :
Calendula officinalis L.
Calendula arvensis L.
Calendula suffruticosa Vahl.
Calendula stellata Cav.
Calendula alata Rech.
Calendula tripterocarpa Rupr.
Toutes ne sont pas médicinales. Les trois premières citées le sont et ont été étudiées.
HABITAT
Les Soucis sont originaires de l’Europe méridionale, adaptés aux régions méditerranéennes. Les espèces principales s’étalent de l’Europe tempérée jusqu’à l’Inde en passant par les Balkans, la Turquie, et le plateau Iranien.
Par sélections successives, ont été obtenu ces beaux Soucis de jardins tout orangés.
Le Souci sauvage est un hôte des champs, des vergers, et surtout des vignes, sur sols filtrants, avec un manque de couverture du sol. Il est devenu fréquent en Bourgogne, et se répand progressivement vers le Nord, peut-être à la faveur du réchauffement climatique.
Il pousse mieux sur des substrats riches en cuivre et en aluminium.
USAGE MEDICINAL
1) Historique et usages traditionnels
Les médecins de l’antiquité on pu l’employer, mais des doutes subsistent sur les noms attribués à la plante. Ainsi DIOSCORIDE cite bien un grand et un petit « HELIOTROPE » qui signifie « qui se tourne vers le soleil », mais qui semble correspondre à une autre plante.
Elle est, plus assurément, le « CALTHA » de PLINE et de VIRGILE.
Elle fut utilisée au Moyen-Age.
En 1566, MATTHIOLI, médecin-botaniste à Sienne en Italie, rapportait que la plante était « singulière aux chancres et ulcères gangréneux comme bien savent par expérience nos Médecins et Chirurgiens ».
Les français l’appelle « SOULCY », plante « bonne à esmouvoir le flux menstruel » ; et « la poudre de souci mise au creux des dents malades, en ôte la douleur ».
En 1837, MERAT de VAUMARTOISE nous apprend que « les anciens médecins regardaient le souci comme un puissant alexitère sudorifique, et le donnaient en conséquence dans les fièvres malignes, la peste, la variole pourprée, etc » (car faire transpirer le malade amenait souvent un soulagement dans l’évolution de la maladie).
« Les feuilles, appliquées sur les verrues, les cors, les durillons, les font tomber ; sur les tumeurs scrofuleuses, elles les résolvent ou en tarissent la suppuration ».
(La scrofule dont il est question est, depuis le Moyen-Age jusqu’au XIX° siècle, le nom réservé pour les adénites cervicales tuberculeuses, appelées aussi « écrouelles » qui finissaient par se fistuliser à la peau, ou à grossir en tuméfactions ulcérées).
« L’infusion de fleurs fraiches…(est) anti-scrofuleuse, anti-ictérique, anti-fébrile, anti-ophtalmique », et surtout utilisée pour provoquer les règles. On l’a aussi utilisée dans les vomissement et le pyrosis (brûlures gastro-oesophagiennes).
CAZIN en 1868 avait colligé toutes les indications traditionnelles, en distinguant :
– celles du Souci des Jardins : « stimulant, antispasmodique, sudorifique, emménagogue, fébrifuge… » ; a été utilisé dans l’ictère, les scrofules (adénites), les fièvres ; dans les vomissements sur pyrosis ; les « engorgements de la rate » ; et en applications locales sur les « tumeurs scrofuleuses ulcérées ».
– et celles du Souci des Champs : « Les propriétés de cette espèce sont analogues à celles du souci des jardins. Ses fleurs passent pour cordiales, sudorifiques, antiscrofuleuses, emménagogues, et fondantes… dans les ulcères scrofuleux ».
Pendant la Guerre Civile Américaine, les médecins utilisaient les feuilles de Calendula pour traiter les plaies des blessés.
En Amérique du Nord, les Homéopathes le reconnurent comme un grand antiseptique, un vulnéraire supérieur à l’ARNICA, égalant presque le MILLEPERTUIS.
Le Dr Henry Clay ALLEN (1836-1909) en précisa l’emploi :
« Plaies externes, avec ou sans perte de substance ; blessures où les chairs sont déchiquetées, entaillées, déchirées ; plaies séquellaires d’opération : provoque une granulation d’excellente qualité empêchant une suppuration exagérée et l’apparition de cicatrices inesthétiques ».
Et le Dr Willis Alonzo DEWEY (1858-1938) l’utilisait « quand les plaies sont déchiquetées et qu’il existe une perte de substance avec douleurs et une grande sensation d’endolorissement ; ce remède diminue l’inflammation et favorise la production d’une granulation saine et curative ».
Henri LECLERC, au début du XX° siècle, donne le Souci comme étant :
– emménagogue, et atténuant la dysménorrhée (règles douloureuses)
– diaphorétique (= sudorifique)
– hypotenseur, par effet vasodilatateur périphérique
– topique pour les plaies, engelures, brûlures (du fait de propriétés antiseptique, anti-inflammatoire et cicatrisante)
Il améliore aussi les troubles digestifs, étant cholérétique (c’est-à-dire qu’il augmente l’écoulement biliaire) et antispasmodique digestif.
Le Dr BOHN (cité par la Naturopathe MARIA TREBEN) le considérait comme le remède le plus important dans le cancer inopérable. Il recommandait de boire du Thé de CALENDULA quotidiennement pendant de longues périodes.
2) Composition & Pharmacologie
L’analyse chimique a identifié de très nombreux composants, qui sont
A) pour CALENDULA OFFICINALIS, le Souci des jardins :
– des pigments caroténoïdes 3%, qui avaient été appelés à l’origine la « Calenduline », avant qu’on distingue plusieurs de ces pigments jaunes ou orangés :
Lutéol
Zéaxanthine
Flavoxanthine
Lutéoxanthine
Lycopène
Carotène
Rubixanthine
Violaxanthine
Auroxanthine
β-Cryptoxanthine
Mutaxanthine
– et surtout une grande richesse en Triterpènes de plusieurs familles chimiques :
. des triterpènes glucosidiques :
des Calendula-glycosides-ester A,B,C ,D,F,G
et des Calendula-saponines A-D
. des triterpènes alcools :
dont les ψ-taraxatanes :
ψ-taraxastérol
Faradiol
Hélantriol B0
et des Taraxastanes :
Taraxastérol
Arnidiol
Hélantriol B1 et C
. triterpènes de type « Lupine » :
Lupéol
Calenduladiol
Hélantriol B2
. triterpènes de type « ursane » :
α-Amyrine
Bréine
Ursadiol
Ursatriol
. triterpènes de type « Oléanane » :
β-Amyrine
Maniladiol
Erythrodiol
Longispinogénine
Hélantriol A1
– des Flavonoïdes :
Quercétine et ses dérivés glucosidiques
Isorhamnétine et ses dérivés glucosidiques
Kaempférol
Rutine
Hyperoside
Isoquercitrine
Astragaline
– des Ionones glucosides :
Officinosides A et B
– des Sesquiterpènes glucosides :
Officinosides C et D
– des Coumarines :
Scopolétine
Umbelliférone
– des Acides phénoliques :
acide Chlorogénique
acide Caféique
acide Coumarique
acide Vanilique
– des Quinones :
α-Tocophérol
Phylloquinone
Plastoquinone
Ubiquinone
– des Acides Gras :
acide Calendique
acide Dimorphécolique
– des Stérols :
– des Acides aminés
– des Mucilages
– des acides dont l’acide oléanique, l’acide salicylique (à l’état de traces), acide ascorbique (ou Vitamine C), et acide malique…
– des polysaccharides rhamnoarabinogalactan et arabinogalactan qui ont une activité immunostimulante
– et un principe amer : la Calendine (ARORA, 2013) et (AL SNAFI, 2015)
– Le CALENDULA officinalis renferme encore une Huile Essentielle (HE) extraite des fleurs séchées, en faible quantité (0,1% à 0,3%), qui contient :
α-Cadinol
α-Copaène
α-Inonone
β-Ionone
α -Humulène
Géranylacétone
α-Muurolène
γ-Muurolène
Lédène
α-Cadidène
β-Cadidène
δ-Cadidène
α-Caracolène
Caryophyllène oxide
Copaène-4-α-ol
β-Oplopénone
Viridiflorol
Lédol
1-Epicubénol
Epi-α-muurolol
Cadalène (AL SNAFI, 2015)
– enfin, les graines de souci contiennent 40-45% d’une huile (dont l’acide gras principal est l’acide calendique).
B) et pour CALENDULA ARVENSIS, le Souci des champs :
– des Triterpènes-Saponines :
Arvensoside A,B,C
Calenduloside C,D,G,H
– des Sesquiterpènes (glucosides) :
Arvoside A et B
– des Flavonoïdes :
Isoquercitroside
Rutoside
Narcissoside
– des Huiles Essentielles volatiles :
δ-Cadidène
α-Cadinol
– des Acides Gras :
acide Calendique
acide Dimorphécolique
– des acides phénoliques
– un acide dicarboxylique : l’acide malique (assez ubiquitaire chez les végétaux , dans les pommes...)
– un acide hydroxybenzoïque : l’acide Salicylique, isolé dans l’écorce de Saule et chez la Reine des Prés, précurseur de l’Aspirine, et connu pour ses propriétés antipyrétique, anti-inflammatoire et anti-agrégant plaquettaire.
– des acides aminés
– des Alcaloïdes (en très petite quantité)
– de la Lutéine
– et des mucilages.(ARORA, 2013).
Le Calendula possède des propriétés antibactériennes qui viennent confirmer son emploi traditionnel comme désinfectant des plaies. C’est surtout son Huile Essentielle (HE) de pétales qui s’avère la plus antibactérienne, plus encore que le capitule entier. Il agit sur les bactéries Gram-positives comme Staphylococcus aureus (le Staphylocoque doré), et les bactéries Gram-négatives comme Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa (le Pyocyanique), et Klebsiella pneumoniae (HAMAD, 2011). Egalement, l’extrait méthanolique de racine de Calendula possède une activité antibactérienne majeure sur Staphylococcus aureus, E. Coli, Pseudomonas aeruginosa , Salmonella typhi (l’agent de la typhoïde) et Bacillus subtilis. L’extrait aqueux est moins, mais efficace aussi. L’extrait méthanolique de feuilles (mais pas l’extrait aqueux) est antibactérien sur Staphylococcus aureus et Klebsiella spp. (FARJANA, 2014).
L’extrait éthanolique est actif sur E. Coli, Vibrio cholera (l’agent du choléra), et Candida albicans (SAFDAR, 2010).
Il a été démontré une action sur la plupart des bactéries prélevées chez des patients hospitalisés : comme à l’Hôpital de Belfast (EFSTRATIOU, 2012) ; ou sur des germes multirésistants (à des antibiotiques comme la Céphalexine, la Ciprofloxacine, la Levofloxacine, ou l’Arthrocine) isolés chez des patients du Rammanohar Lohia Hospital (en Inde) (PANDEY, 2014).
Une bonne action antifongique a été démontrée, particulièrement avec l’Huile Essentielle de Calendula officinal poussant au Brésil (GAZIM, 2008). Des extraits de la plante entière, également, sont actifs sur le Candida albicans et l’Aspergillus niger (PANDEY, 2014).
Le Calendula est aussi antiviral contre l’Herpès simplex et l’Influenzae (virus grippal) (BOGDANOVA, 1970). Les fleurs de Calendula empêchent l’infection des lymphocytes par le VIH-1 (virus de l’immunodéficience humaine) en inhibant, à dose dépendante, l’enzyme HIV1 transcriptase inverse (KALVATCHEV, 1997).
Trois Polysaccharides de structure arabino-galactane isolés des fleurs de Calendula ont, in vitro, une action immunostimulante (VARLJEN, 1989).
Dès les années 1994, il a été montré une intéressante propriété anti-inflammatoire de la plante, supportée par les composants triterpénoïdes, dont le Faradiol monoester (DELLA LOGGIA , 1994). En expérimentation animale, sur l’oedème de la souris provoqué par l’application d’huile de Croton, deux « Faradiols » (l’acide Faradiol-3-myristique et l’acide Faradiol-3-palmitique) étaient plus anti-oedémateux que leurs esters, et que le ψ-taraxastérol. Cette action anti-inflammatoire puissante était comparable à celle de l’Indométacine à dose équimolaire (un anti-inflammatoire non-stéroïdien de référence) (ZITTERL-EGLSEER, 1997).
Sur un modèle d’inflammation aigu (de l’oedème de la patte du rat), ainsi que sur un modèle d’inflammation chronique, le Calendula a confirmé son pouvoir anti-inflammatoire à des posologies de 250-500mg/kg. Le mécanisme d’action passe par une réduction du TNF-α produit par les macrophages, et par une diminution des cytokines pro-inflammatoires (IL-1 β, IL-6, TNF-α, IFN-γ et de la C Réactive Protéine ou CRP) ; ainsi que par une inhibition de la Cyclooxygénase-2 (COX-2) (PREETHI, 2009 b).
Les travaux expérimentaux ont été orientés principalement sur les propriétés « topiques » c’est-à-dire cutanées de la plante. Ont été confirmées ses propriétés majeures antibactérienne, anti-inflammatoire, et cicatrisante. Chez le rat, des brûlures thermiques guérissent plus rapidement chez ceux qui absorbent par voie orale, 200 mg/kg d’extrait de fleurs de Calendula : en phase aiguë, il y a diminution des protéines inflammatoires (haptoglobine et orosomucoïde), puis localement on assiste au cours du processus de cicatrisation à une augmentation de l’hydroxyproline du collagène (CHANDRAN, 2008).
Toujours en expérimentation animale chez le rat, la cicatrisation des plaies est accélérée dans le groupe traité à la fois par administration orale d’extrait de fleur de Calendula à la posologie de 100mg/kg, en même temps qu’en topique. On assiste à une augmentation de l’hydroxyproline tissulaire. La fermeture des plaies est acquise au 8° jour dans 90 ,0 % des cas traités, versus seulement 51,1 % dans le groupe témoin (PREETHI, 2009 a).
Dans une étude clinique serbe portant sur 34 patients recrutés pour insuffisance veineuse compliquée d’ulcères variqueux, 21 ont été traités avec un onguent à base de Calendula, par 2 applications par jour, pendant 3 semaines. Au terme du traitement, la surface totale des ulcères traités avait réduit de –41,71 % (ce qui correspond à une amélioration de près de 42%), versus seulement -14,52 % pour le groupe-contrôle dans lequel les ulcères étaient seulement lavés avec une solution saline. 7 des 21 patients traités ont vu leurs ulcères re-épithélialisés, c’est-à-dire guéris dans un tiers des cas ; et dans le groupe témoins : 4 sur 13 (DURAN, 2005).
Ces résultats favorables ont été confirmés par une autre étude clinique, récente, brésilienne, menée sur 57 personnes présentant aussi des ulcères variqueux ; dont 38 furent traitées avec du « Plenusdermax » un spray à 2 % de Calendula, versus 19 personnes-contrôle. L’évaluation était faite toutes les 2 semaines pendant 30 semaines. Une complète épithélialisation a été obtenue chez 72 % des patients traités par Calendula, versus 32 % dans le groupe-témoin. Le temps moyen de cicatrisation a été de 12 semaines sous traitement. Les courbes de suivi ont permis de montrer une progression de guérison quatre fois plus rapide sous traitement que sous placebo (BUZZI, 2016).
Son action puissante anti-inflammatoire cutanée dans la prévention et le traitement des radiodermites au cours de l’irradiation des cancers du sein a été démontrée. Dans une étude clinique en phase III randomisée menée à Lyon au Centre Léon Bérard, 254 femmes opérées d’un cancer du sein, puis bénéficiant d’une radiothérapie ont été divisés en 2 groupes : 126 traitées par application d’une crème au Calendula, et 128 traitées par Trolamine (BIAFINE), un topique de référence. La survenue d’une dermite radique de grade 2 ou supérieure fut plus basse sous Calendula (41 %) que sous Trolamine (63%). Il y eut moins de douleurs locales, et moins d’interruption des séances de radiothérapies. Le Calendula surpasse les meilleurs topiques à disposition pour cette indication (POMMIER, GOMEZ et al. 2004).
Une étude clinique semblable a été menée en Iran pour prévenir la mucite oropharyngée provoquée par l’irradiation de la face au cours des séances de télé-cobalt pour traiter des cancers du naso-pharynx, de la cavité buccale, des glandes salivaires, et des amygdales. Sur 40 patients répartis en 2 groupes, le groupe de 20 personnes traitées par applications buccales d’un Gel au Calendula à 2 % a vu une amélioration significative de la mucite induite par les rayons, par rapport au groupe placebo. L’effet protecteur est rapporté aux flavonoïdes et aux composés phénoliques antioxydants de la plante (BABAEE, 2013).
En gel, crème ou onguent dosé entre 2 % et 10 %, le Calendula fait partie des meilleurs vulnéraires avec l’ALOES, l’ECHINACEA, le MILLEPERTUIS et la GRANDE CONSOUDE (LEACH, 2008).
Mais le Calendula possède aussi une action sur le système digestif, qui vient corroborer des indications traditionnelles rapportées sur les crampes abdominales et dans la constipation. Testé sur le jéjunum de lapin, l’extrait hydro-alcoolique de fleurs de Calendula a un effet spasmolytique de type antagoniste des canaux calciques ; tandis que l’extrait aqueux de la plante manifeste plutôt un effet spasmogène modéré de type cholinergique. Ces propriétés pharmacologiques différentes seraient en rapport avec l’action de substances différentes de la plante (BASHIR, 2006).
Un extrait de fleurs de Calendula contenant des Calendasaponines (glucosides triterpéniques) a , chez l’animal, un effet anti-hyperglycémique et un effet protecteur gastrique contre des lésions gastriques induites par l’alcool et l’Indométhacine (un anti-inflammatoire ulcérigène) (YOSHIKAWA, 2001).
Le Calendula prévient les dommages cytologiques, l’élévation des transaminases hépatiques, et la réduction du Gluthation réduit, chez des rats intoxiqués au Tétrachlorure de carbone (CCL4) (HUSSEIN, 2010).
Le Calendula est hépatoprotecteur à doses faibles. Chez le rat, des extraits à posologies croissantes montrent une bonne protection contre des substances toxiques et carcinogènes hépatiques à des posologies faibles à partir de 0,1 mg/kg jusqu’à 2,5mg/kg ; puis l’action s’inverse à partir de 5mg/kg, et à des posologies de 10-20mg/kg il apparaît de graves altérations hépatiques. Cet effet diphasique (à la base-même de l’Homéopathie) est un exemple du phénomène d’ « hormésis » qui correspond à des effets opposés selon la posologie utilisée (BARAJAS-FARIAS, 2006).
L’intoxication à l’Acétaminophène (Paracétamol) entraine des lésions hépatique, un effondrement du Glutathion, et peut s’avérer léthale. Expérimentalement chez l’animal, l’administration préalable d’extrait de feuilles de Calendula en limite l’hépatotoxicité (ALI, 2006).
De la même façon, dans un modèle de rat intoxiqué au tétrachlorure de carbone (CCL4), l’administration préalable d’extrait de fleurs de Calendula réduit l’ascension des transaminases (SGOT-SGPT) et des phosphatases alcalines à la dose de 100-250mg/kg. Le même extrait réduit la néphrotoxicité du Cisplatine (un agent puissant de chimiothérapie fort utilisé) en limitant la montée de l’urée et de la créatinine ; il diminue la « myélosuppression » (baisse des globules blancs par toxicité du Cisplatine sur la moelle osseuse pouvant mener à l’aplasie médullaire), et améliore le taux des enzymes anti-oxydantes (SOD ou Superoxyde dismutase, catalase, et Glutathion)(PREETHI, 2009 c).
L’extrait éthanolique de fleurs de Calendula limite la nécrose pancréatique aiguë induite chez le rat ; il améliore la régénération au cours de la pancréatite (KAUR, 2016).
Chez le rat diabétique (induit par l’Alloxane) , l’administration orale d’extrait hydro-alcoolique de Calendula abaisse les taux de glycémie et de lipides sanguins, et augmente le taux d’hémoglobine (CHAKRABORTHY, 2011).
Sur des rats chez qui est provoquée une ischémie myocardique sévère, la perfusion de Calendula réduit la taille de l’infarctus myocardique et les lésions histologiques résultant de l’apoptose des cardiomyocytes ; elle maintient une fonction ventriculaire gauche et un débit aortique. Il en est conclu que, par son action anti-oxydante et anti-inflammatoire, le Calendula peut limiter l’importance des lésions en cas d’ischémie (RAY, 2010).
Par ailleurs, 2 glucosides de Triterpènes ont une action « cytotoxique » (antitumorale) sur des lignées cellulaires de cancers du colon, de la leucémie, et de mélanome (UKIYA, 2006).
Un extrait de Calendula testé in vitro sur une série de lignées cellulaires cancéreuses humaines et murines (de leucémies, mélanomes, fibrosarcomes, de cancers du sein, de la prostate, du col de l’utérus, du poumon, du pancréas, et du cancer colo-rectal) exerce une inhibition de croissance de 70 % à 100 %. Le mécanisme de cet effet antitumoral passe par un arrêt du cycle cellulaire en phase G0/G1 et une apoptose induite par la caspase-3. En outre, il se produit une activation lymphocytaire. Testé in vivo chez la souris, cet extrait inhibe la croissance d’une variété de mélanome (JIMENEZ-MEDINA, 2006).
3) INDICATIONS THERAPEUTIQUES du SOUCI (CALENDULA)
L’ indication du CALENDULA la plus connue est cutanée, mais il existe aussi de nombreuses autres indications thérapeutiques internes qui ont été répertoriées, comme : analgésique, antivirale, anti-diabétique, antispasmodique digestive, hépatoprotectrice et gastroprotectrice, favorisant la circulation des fluides (sang et lymphe), préventive d’ischémie myocardique, anti-hémorragique après extraction dentaire, antimycosique vaginale, soulageant les varicoses, anti-inflammatoire dans la dysménorrhée, antitumorale...(MULEY, 2009) (AL SNAFI, 2015) (ASHWLAYAN, 2018).
Les propriétés à retenir du CALENDULA et ses indications sont :
=> c’est un grand « vulnéraire » grâce à son effet antiseptique utilisé sur les plaies, coupures, dermabrasions, pyodermite, acné, impétigo, escarre… et un excellent « topique anti-inflammatoire » qui réduit les rougeurs dans les dermites inflammatoires, les varicoses douloureuses, les engelures, les érythèmes solaires, les brûlures, et les piqures d’insectes. Il résorbe les ecchymoses et les enflures traumatiques (comme l’ARNICA). Enfin c’est un excellent cicatrisant, qu’on peut utiliser sur les plaies, ulcères, escarres, crevasses, gerçures… pour en hâter la cicatrisation complète Il est indiqué en applications sur les cicatrices restées douloureuses. Il entre dans de nombreuses compositions cosmétiques aux vertus hydratantes et adoucissantes.
Etant antifongique, sa décoction traite aussi les mycoses plantaires (appelées « pieds d’athlète ») et les « dartres » comme les « herpes circinés » qui sont de petites plaques sur le torse et les membres dues à microsporum canis que les enfants attrapent au contact avec les chats.
=> il diminue l’inflammation des muqueuses digestives, d’abord au niveau buccal et de l’oropharynx, où il s’utilise en bains de bouche dans les aphtes, gingivites, stomatites, odontalgie (douleurs dentaires) et après extraction dentaire ; puis surtout au niveau gastrique : il a été utilisé dans la gastrite, le pyrosis (qui sont les brûlures rétrosternales engendrées par le reflux acide gastro-oesophagien), dans l’ulcère gastrique dont il hâte la cicatrisation ; et même dans le cancer de l’estomac.
=> il est protecteur hépatique et pancréatique, comme anti-oxydant, un « alexitère » (antidote) à l’encontre de substances toxiques.
=> il est antispasmodique abdominal, dans les coliques intestinales avec constipation...
=> il est anti-inflammatoire et analgésique, soulage la dysménorrhée (règles douloureuses) ; emménagogue, il régularise le cycle menstruel.
=> bon antifongique, il permet de traiter le terrain mycosique, particulièrement les candidoses uro- et vulvo-vaginales.
=> il est sudorifique (comme la BOURRACHE), ce qui soulage le malade fébrile, et accélère la guérison des maladies infectieuses comme la grippe, les pneumopathies, les maladies virales éruptives (rougeole, varicelle, herpès…), étant immunostimulant. Il a été considéré comme un bon remède de « jaunisse » (par hépatite virale).
=> le CALENDULA, comme l’ARNICA avec lequel il partage des vertus sur le système sanguin, préviendrait l’ischémie myocardique. Son usage interne doit être à posologie faible, « raisonnée », car de fortes doses sont cardiotoxiques.
=> antiseptique et décongestionnant ophtalmologique, dans les « ophtalmies » et conjonctivites.
=> le CALENDULA a même été utilisé, en usage interne associé à des applications externes, dans des cancers inopérables (W. BOHN) pour détoxifier l’organisme, et restaurer la vitalité.
AUTRES EMPLOIS
– En Agriculture Biologique : utilisé comme nématicide efficace ; il tue les nématodes (vers ronds) des poireaux, aulx, oignons, fraises et tomates.
– Le Souci est une plante tinctoriale qui a été utilisée pour teindre la laine en jaune en Azerbaïdjan
– Le Souci est une plante culinaire, qui dans les campagnes a servi à colorer certains plats ; on l’appelait « le Safran du pauvre »
RECOLTE
Toute la plante est médicinale, mais surtout les fleurs : récolter les capitules, ou même seulement les fleurs ligulées périphériques, en début ou en pleine floraison, un jour ensoleillé ; faire sécher rapidement (en effet le souci est une plante hydroscopique, et la moindre humidité de l’air lui fait perdre sa couleur, son odeur, et ses substances)
En fin d’été, ne pas récolter des plants qui auraient des taches grisâtres ou brunes sur les feuilles (le souci est sensible au mildiou).
EMPLOI MEDICINAL et POSOLOGIE
– en INFUSION : de fleurs fraiches (ou à défaut, de fleurs séchées) deux cuillères-à-café ou 5g/ tasse de 100-150ml ; c’est-à-dire à 5% (soit 50 g / Litre) recommandée par Pierre LIEUTAGHI. CAZIN indique 20 g/ Litre de fleurs fraiches. 3 à 4 tasses quotidiennes, en cas de fièvre, infections diverses, candidoses, gastrite…
Maria TREBEN recommande des infusions pour usage interne en ébouillantant « 1 cuillère-à-café bombée d’herbes pour 1/4 de litre d’eau » ; et, pour des applications externes, des décoctions préparées avec « 2 poignées de Soucis du jardin » (soit environ 50 g par litre d’eau bouillante) en lavages ou cataplasmes.
– en TEINTURE MERE : CALENDULA OFFICINALIS TM que l’on peut acheter facilement en pharmacie, ou préparer soi-même : 1 part de fleurs fraiches pour 4 parts d’alcool à 40°, laisser macérer à une température ambiante de 20° pendant 14 jours, filtrer.
Posologie couramment indiquée de 15 gouttes x 3 fois/j.
On peut augmenter sans risque à 20-30 gouttes x 3 fois /j.
– pour les applications externes, on utilise :
. l’Infusion ou la Décoction de fleurs fraiches à la concentration de 2 cuillères-à-soupe par demi-litre d’eau en lavage des plaies ou ulcères infectées, coupures, dermabrasions, brûlures du 1° degré… puis en compresses imbibées laissées 1-2H.
. ou la TM diluée dans un peu d’eau appliquée de la même manière,
. ou la Pommade de Fleurs de Souci, en Crème au CALENDULA, BAUME au CALENDULA …(dont il existe de nombreuses marques) pratiques d’emploi sur petites coupures, gerçures, engelures, brûlures, ou ecchymoses.
. ou l’ HUILE de SOUCI (que l’on prépare en laissant macérer des fleurs de soucis dans de l’Huile d’olive).
Le CALENDULA est incorporé dans de nombreux cosmétiques pour peaux irritées.
– il existe aussi des Ovules d’HYDRASTIS-CALENDULA (BOIRON) indiqués pour le traitement des leucorrhées et vulvo-vaginites candidosiques.
Seules contrindications :
– une Allergie, en sachant qu’il existe des patients allergiques à la famille des astéracées. En cas de survenue, au décours du traitement, d’un prurit, d’une urticaire, voire d’une réaction généralisée comme un oedème de Quincke, arrêter impérativement le traitement et consulter rapidement un médecin.
– la TM, qui contient de l’alcool, chez l’enfant de moins de 12 ans, et chez tout patient sevré ayant subi une cure de désintoxication.
PHARMACOPEE FRANÇAISE
Liste A (ansm Janvier 2017)
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